Le meilleur effort de promotion peut être pris à contre-pied par des petits riens aux effets extrêmement contrariants. Comment se défaire de ces petits grains de sable qui grippent le tourisme tunisien?
En pleine campagne, tout n’est jamais réglé, avec la précision souhaitée. On comprend les professionnels qui recrutent des saisonniers et des intermittents pour faire tourner la machine. Ces derniers ne sont jamais synchronisés avec les exigences strictes du métier. Mais ils peuvent causer des écarts ravageurs. Les touristes pourraient repartir avec des souvenirs pas tout à fait agréables. Inadmissible!
Les enfants en bas âge, marchands de jasmin, un effet «Destroy»
Le soir, sur les marinas du littoral, des réalisations magnifiques, peuplées de flottes de bateaux de plaisance coûteux, on peut hélas croiser, tardivement le soir, des «titis», encore de service à «coller» les derniers “mechmoums“ de jasmin suppliant le client de manière apitoyante. La rencontre du luxe et de l’enfance nécessiteuse. Un contraste difficile à supporter. Autant la fleur est délicate par son aspect et son parfum, autant le spectacle de ces «Oliver Twist» du jasmin est insupportable. Réflexion d’une passante, tunisienne pourtant, familière de ces scènes et qui n’a pu retenir sa réflexion, désabusée, «des êtres à qui on vole leur enfance». Loin de nous l’idée de dresser un tableau à la Charlotte Brönte de nos sites touristiques, mais le travail des enfants est d’un effet «Destroy». La loi tunisienne bannit le travail des enfants. On peut comprendre qu’ils boostent les ventes parce qu’ils apitoient les clients, mais trop c’est trop il faut endiguer le fléau. Un gamin de moins de dix ans, drapé dans un déguisement d’habits traditionnels c’est un spectacle de servitude et non de dépaysement.
C’est bien de préparer les enfants aux choses de la vie. Il y a les colonies de vacances et le scoutisme pour ça. Arrêtons le massacre, ONTT, manifestez-vous. Des gamins fourmis, c’est de l’exploitation. Et c’est désolant. Ajouter que c’est ravageur en matière «d’image building» pour le site national.
Les pièges du «all inclusive»
Dans toute entreprise économique, on plie toujours à la règle de la compression des coûts. C’est rationnel. Et c’est compréhensible. Mais trop c’est trop. Au motif qu’il faut contenir les charges pour le régime du «all inclusive» les hôteliers s’autorisent certains dépassements regrettables. Avec ce forfait, deux collations sont servies, au bar de la piscine et à la buvette de la plage, en fin de matinée et en cours d’après-midi. Le «standard» est une contrainte de gestion. Mais au motif de la maîtrise des coûts, reproduire des queues à l’infini, c’est rappeler le spectacle de la «Soupe populaire», cet encas servi pendant la grande dépression aux Etats-Unis. Et puis «fourguer» de la pizza et du panini à des touristes en curiosité des saveurs locales, c’est une faute de goût. Sans vouloir en faire un plat, mais je persiste à croire que les «fricassés», le bon casse-croûte ainsi que le brick à l’œuf sont autrement plus savoureux, le dépaysement garanti.
Qui doit-on interpeller pour faire changer les choses. Les patrons sont trop absents de leurs hôtels. Les directeurs se réfugient derrière leurs prérogatives. Et il reste nous pour écrire et adresser ces «bouteilles à la mer», pourvu qu’elles ne partent pas à la dérive ou qu’elles ne prennent pas l’eau. Le tourisme pour faire la promotion de la gastronomie tunisienne, c’est la voie royale. Qu’est-ce qu’on attend. Hôteliers et restaurateurs se donneraient-ils la main, un jour? Quand on sait que notre gastronomie et nos vins, primés aux salons professionnels les plus sévères du monde, en lutte avec des compétiteurs coriaces, ramènent des médailles prestigieuses, peuvent nous faire gagner des parts de marché. Que font les professionnels? Motus et bouche cousue.
La circulation et les «bouchons» dans les cités balnéaires
Débusquer le touriste de son hôtel afin qu’il se mêle à la population et qu’il découvre les charmes de l’art de vivre à la tunisienne, c’est louable. L’ennui est que le soir nos cités touristiques deviennent invivables tant la circulation y est mal réglée. Des bouchons se forment parce que des automobilistes «inciviques» se livrent à des manouvres contre nature qui troublent la circulation. Ils occasionnent des embouteillages qui vous font suffoquer de rage.
Souvent dans les rues des grandes villes, des automobilistes se dévouent pour désengorger les bouchons et ils y parviennent très bien. Je me porterai bien volontaire pour prêter main forte aux agents de la circulation et faire face à ces spectacles de villes engorgées à la manière de Calcutta. Je suis persuadé qu’il existe de nombreux volontaires qui accepteraient d’aider en période de pointe et qu’il faut simplement les solliciter par simple avis public. Un corps en renfort serait bien heureux d’aider pour ce service public d’utilité civique.
L’intelligence citoyenne
Le coup d’œil avisé du citoyen peut bien suppléer l’avis des spécialistes professionnels des bureaux internationaux. Comment les recueillir? C’est tout simple. Des petites boîtes postales suffiraient. Les gens y glisseront leurs réflexions et y décriront les écarts et autres «abus» à corriger. Il suffit de faire jouer l’engagement citoyen, comme dans tous les pays civilisés du monde. En Suisse, on ne procède pas autrement. «L’intelligence» citoyenne est une forme d’activation du génie national. Pourquoi s’en priver? Le secteur se mettrait en situation de réactivité instantanée. Tout le monde y gagnerait.