En Tunisie, le soulèvement a commencé par une protestation sociale spontanée contre le chômage et l’injustice sociale dans les régions de l’intérieur et, en moins d’un mois et contre toute attente, la pression de la rue a balayé un régime en place depuis 23 ans.
Depuis que l’ancien régime a été chassé du pouvoir, la Tunisie connaît une période transitoire difficile avec, pour 2011, une estimation de croissance négative et un taux de chômage en hausse. Outre l’impact économique des troubles sociaux pré-révolution, qui sont estimés à environ 4% du PIB, maints facteurs continuent de peser sur l’économie. Les recettes touristiques ont diminué de 37% durant les dix premiers mois de 2011, la crise libyenne est estimée avoir réduit la croissance tunisienne de 36%, tandis que la crise de la dette européenne pourrait compromettre le tourisme et les exportations. La transition politique n’est pas encore achevée d’autant plus que l’élection d’octobre 2011 a seulement permis de choisir les représentants de l’Assemblée constituante chargée de rédiger la nouvelle constitution. Ce qui implique que la Tunisie fera face à une période additionnelle d’incertitudes institutionnelles et politiques jusqu’à la mise en place du nouveau système.
Dans ce contexte, la priorité sera d’assurer la stabilité politique et la stabilisation macroéconomique, la création des emplois et la stimulation de la croissance, notamment le tourisme et les exportations.
Néanmoins, les facteurs à l’origine de la révolution demeurent. La Tunisie était jadis considérée avoir réussi son développement économique et social. Toutefois, malgré cette performance, la révolution a révélé l’existence d’importants défis sociaux et de développement. Pour que la Tunisie devienne un modèle de soulèvement révolutionnaire générateur de changements, une simple tenue d’élection ne suffira pas, mais les causes profondes de la révolution et les facteurs qui l’ont déclenchée devront être traités.
La présente note analyse les causes de la révolution tunisienne et les défis qui attendent les décideurs du pays. La première section examinera les raisons pour lesquelles le contrat social qui avait cours sous l’ancien régime était devenu inopérant et comment les problèmes croissants de gouvernance ont détérioré l’environnement des affaires et la performance économique du pays. La deuxième section analysera les causes de la grogne sociale et, notamment, les indicateurs sociaux globaux dont la bonne performance masquaient l’accentuation de la pauvreté et des inégalités dans les régions de l’intérieur, et la montée de chômage chez les jeunes. La dernière section analyse les principaux défis structurels de l’économie tunisienne et le climat des affaires. Chaque section comprendra des recommandations en matière de politique.
Source : BAD