é de Calavera, une fabrique artisanale de bière, goute la production le 20 juillet 2012 à Tlanepantla (Photo : Ronaldo Schemidt) |
[31/07/2012 12:58:23] MEXICO (Mexique) (AFP) Les entreprises de bière artisanale locale se multiplient au Mexique alors que les géants du secteur de la brasserie industrielle, dont la célèbre Corona, ont été rachetés par des groupes étrangers.
“On assiste à un essor très important de la bière artisanale de petits producteurs, comme la Minerva Ita, très bonne avec une touche de tequila”, explique à l’AFP René Cruz, un ingénieur de 29 ans qui en déguste une avec des amis dans un des bars spécialisés récemment apparus à Mexico, El Deposito.
“Nous l’apprécions d’abord parce qu’elle est mexicaine, qu’elle est produite avec plus de soin, qu’elle a meilleur goût, alors que la bière industrielle perd sa saveur traditionnelle”, assure son ami Victor Olivo, 28 ans, ingénieur également.
Le premier producteur mondial de bière, AB InBev, propriétaire de Stella Artois et de Budweiser, a acheté en juin le groupe mexicain Modelo, dont la marque Corona est la plus connue. En 2010 le conglomérat hollandais Heineken avait déjà acquis Femsa (producteur de la marque Sol), deuxième géant mexicain de la bière.
ères artisanales mexicaines dans un bar de Mexico, le 20 juillet 2012 (Photo : Ronaldo Schemidt) |
Modelo, jusqu’à présent la principale brasserie industrielle du pays, a enregistré en 2011 des ventes pour un montant de 3,5 milliards de dollars (2,9 milliards d’euros) et Femsa, avant de passer dans les mains hollandaises, avait réalisé 3,3 milliards de ventes de bière.
Un public jeune et au palais curieux, qui ne craint pas de dépenser un peu plus, fréquente des petits bars ouverts récemment dans des quartiers huppés de Mexico pour tenter de nouvelles saveurs et textures.
Dans ces pubs à la mexicaine, les clients peuvent apprécier une trentaine de marques artisanales locales et de nombreuses bières importés.
Certains grands restaurants de Mexico, dont Pujol, l’un des 50 meilleurs restaurants du monde au classement San Pellegrino, offrent ces bières en combinaison avec des plats de la nouvelle cuisine mexicaine.
ère artisanale dans la fabrique de Calavera, le 20 juillet 2012, à Tlanepantla (Photo : Ronaldo Schemidt) |
Ces “bières d’auteur” peuvent être élaborées aussi bien avec de l’orge qu’avec du blé, de l’avoine, du seigle ou même du maïs. Elle sont aromatisées avec de “l’herbe sainte”, une plante locale, de l’amarante, de la cannelle, des agrumes et autres ingrédients traditionnels de la cuisine traditionnelle mexicaine.
Gilbert Bjorn Nielsen, un Danois installé au Mexique, est maître brasseur et associé d’une petite brasserie située au nord de Mexico, Calavera. Elle a produit quelque 2.500 litres par semaine en 2011.
“Mon épouse, qui est mexicaine, et moi vivions au Danemark, où il est arrivé la même chose qu’ici. Il y avait au départ deux grandes brasseries. Au fil des ans, sont apparus peu à peu des producteurs artisanaux et maintenant il y en a plus de 200”.
“Nous pensons qu’il y a un grand potentiel au Mexique”, où le couple s’est installé en 2009. A l’époque il n’y avait que cinq producteurs artisanaux. Aujourd’hui il y en a une trentaine officiellement enregistrés et 50 autres qui font une petite production, explique Nielsen tout en surveillant l’embouteillage de sa bière dont les étiquettes représentent un squelette.
Mexicalli, la seule brasserie artisanale ancienne du Mexique – elle date de 1923 – est installée à Tecate, en Basse Californie, au nord-ouest du pays. Pendant des décennies, la totalité de sa production partait vers les Etats-Unis.
Cette brasserie, qui vend 24 millions de bouteilles par an, avait été empêchée d’entrer sur le marché mexicain en raison de l’exclusivité des grandes brasseries dans les magasins et les restaurants. Selon Adalberto Dominguez, chef des ventes, “maintenant qu’elles ne sont plus mexicaines, cette pratique devrait cesser”.