La Banque centrale de Tunisie (BCT) a publié, mardi 31 juillet, son 53ème rapport annuel sur les principales évolutions économiques et financières de l’exercice 2011 et les premiers mois de l’année en cours.
Dans une lettre introductive du rapport, l’ex-gouverneur de la BCT, Mustapha Kamel Nabli, a indiqué que dans un environnement international difficile, l’économie nationale a subi le contrecoup de l’instabilité politique, sécuritaire et sociale post-révolution et les retombées de la guerre en Libye. Le climat d’incertitude et d’attentisme des opérateurs économiques et des ménages s’est, par ailleurs, traduit par un reflux de l’épargne et un blocage de l’investissement dont les taux ont reculé de 5,5 et 2,8 points de pourcentage respectivement.
Ainsi, la croissance économique s’est établie en 2011 à un niveau négatif estimé à -1,8% en termes réels, étant signalé que la récession aurait été plus prononcée n’eut été la bonne tenue du secteur agricole. Cette récession a affecté les équilibres macroéconomiques avec une aggravation des déficits de la balance des paiements courant et du budget de l’Etat (respectivement 7,4% et 3,7% du PIB) et par conséquent une chute des réserves en devises de l’ordre de 19% pour revenir à 113 jours d’importation.
La situation sociale s’est également, dégradée avec la perte nette d’environ 107 mille poste d’emploi, ce qui a porté le taux de chômage à près de 19% de la population active.
Nonobstant ces évolutions négatives, les dérapages auraient été autrement plus graves en 2011, n’eut été la mise en œuvre par l’Etat du programme économique et social d’urgence et l’adoption par la Banque centrale d’une politique monétaire accommodante volontariste pour fournir les liquidités nécessaires aux banques, en déficit de ressources, permettant ainsi, la poursuite du financement de l’économie et l’octroi de facilités aux entreprises en difficultés conjoncturelles, outre la sauvegarde de la continuité et du bon fonctionnement des services de paiements. Ces actions indispensables ont pu être opportunément décidées et mises en œuvre pour éviter le glissement vers une situation de crise susceptible de mettre en péril le processus démocratique dont la réussite, faut-il le rappeler, repose dans une large mesure sur la préservation de la stabilité économique et sociale.
Sur le plan économique, les résultats demeurent mitigés. Si au terme des quatre premiers mois de l’année 2012 des signes de reprise de l’activité dans certains secteurs semblent se dessiner, comme l’attestent notamment la progression des échanges commerciaux avec l’extérieur et l’amélioration des recettes touristiques en devises et des transferts des Tunisiens établis à l’étranger, d’autres indicateurs révèlent des risques de montée des pressions sur la croissance économique et sur les équilibres financiers.
Il s’agit en particulier du ralentissement à partir du mois de mars des exportations des industries manufacturières, de l’augmentation notable du déficit des paiements courants et son corollaire la baisse des réserves en devises, ainsi que de la persistance de l’inflation à niveau élevé.
WMC/TAP