ût 2012 à Madrid (Photo : Pierre-Philippe Marcou) |
[01/08/2012 19:01:21] MADRID (Espagne) (AFP) L’ex-juge espagnol Baltasar Garzon s’est dit “inquiet” mercredi pour la santé “mentale et physique” du fondateur de Wikileaks, Julian Assange, réfugié à l’ambassade d’Equateur à Londres et dont il coordonne depuis quelques jours la défense.
Julian Assange “m’a contacté et il m’a semblé que ses arguments et la situation dans laquelle il se trouve, avec ses droits bafoués, sont de bonnes raisons pour répondre à sa demande”, a expliqué l’ex-magistrat, devenu avocat, lors d’une rencontre à Madrid avec des agences de presse internationales.
“Tenter d’éclaircir ce qui se passe et comment, à un moment donné, tout coïncide pour en finir avec une personne qui, par son travail et les révélations de Wikileaks, est selon moi un objectif prioritaire pour beaucoup de monde: c’est une question de principe”, a-t-il ajouté.
Julian Assange, un Australien de 41 ans, est accusé par la justice suédoise de viol et d’agression sexuelle. Depuis le 19 juin, il est réfugié à l’ambassade équatorienne de Londres, où il a demandé l’asile politique.
“Je suis inquiet pour sa situation mentale et physique car la tension à laquelle il est soumis est très grande”, a déclaré Baltasar Garzon, qui a pu le rencontrer le 19 juillet à l’ambassade d’Equateur, pendant six heures.
“Dans les circonstances actuelles, il n’y a pas les conditions minimum et indispensables pour qu’il ait un procès juste” en Suède, a affirmé M. Garzon, ce qui a poussé son client “à prendre une décision difficile comme celle de réclamer l’asile”.
“Selon nous, tout cela obéit à une intention plus cachée de soumettre M. Assange à un processus pénal aux Etats-Unis, qui avance en ce moment et qui est secret”, a poursuivi Baltasar Garzon.
évrier 2012 à Londres (Photo : Carl Court) |
Le fondateur de WikiLeaks redoute d’être transféré dans un second temps aux Etats-Unis et d’y être condamné à la peine capitale pour espionnage après la divulgation par son site de 250.000 télégrammes diplomatiques américains.
“Un pays démocratique (les Etats-Unis, ndlr) ne peut pas agir dans le dos d’une personne que l’on accuse de délits très graves”, a dénoncé M. Garzon mercredi.
“Il est également très inquiet, et moi aussi, face à ce qui se passe avec des témoins et des personnes proches de M. Assange qui sont sérieusement troublées par des services et des autorités impliqués dans cette enquête”, a-t-il poursuivi, affirmant que son équipe d’avocats allait “démontrer” ces faits.
Condamné en février à onze ans d’interdiction d’exercer par la justice espagnole, Baltasar Garzon a décidé de se consacrer notamment au travail d’avocat.
Dans l’affaire Assange, il travaillera à titre bénévole.
“Mes motivations sont clairement désintéressées: la défense de quelqu’un qui, selon moi, reçoit un traitement injuste”, a-t-il expliqué.
L’ex-juge Garzon, célèbre dans le monde entier pour avoir mené de multiples enquêtes sur les atteintes aux droits de l’homme, conteste lui-même le verdict des magistrats, qui l’ont condamné en février pour une affaire d’écoutes illégales après un procès controversé.
A ce propos, il voit un certain écho entre son parcours et le cas du fondateur de Wikileaks.
“Ce qui me motive (dans l’affaire Assange, ndlr), c’est de constater qu’il existe une situation injuste où les conditions minimum garantissant un processus ne sont pas là”, rappelle-t-il. “Cela peut-il avoir un lien avec ma propre situation? Je suppose que oui.”