é à Quiberon, en Bretagne (Photo : Frank Perry) |
[02/08/2012 07:06:42] PARIS (AFP) Alors que le secteur de la pêche française est en déclin sensible, jamais les produits transformés dans l’Hexagone n’ont autant été plébiscités par les consommateurs français qui lui attribuent le triple B du “bon pour la santé, bon pour l’environnement et bon pour l’emploi”.
Gourmets gourmands, les Français en majorité se disent conquis par les produits de le pêche transformés sur le territoire, selon une enquête réalisée par le groupe français Delpierre, spécialiste de la transformation du poisson. L’achat d’un produit fabriqué en France “selon des normes sociales respectueuses pour les salariés” permet de soutenir l’industrie et l’emploi français et assure une meilleure garantie de qualité, tout en favorisant le respect de l’environnement par une optimisation des transports, selon cette étude.
De son côté, Eric Mezrich, du Cipa (Comité interprofessionnel des produits de l’aquaculture) s’efforce de rapprocher lieux de production et de consommation pour répondre à l’attente des consommateurs “très sensibles sur la provenance des produits de la pêche”.
Pourtant ce “made in France” a-t-il vraiment un sens alors que la France est obligée d’importer 80% du poisson qu’elle consomme ? Oui, répondent les responsables de l’industrie du poisson, chiffres à l’appui.
Ce sont près de 300 entreprises en France, 15.650 emplois, un chiffre d’affaires de plus de 3,7 milliards d’euros et quelque 50 entreprises leader qui drainent 88% du chiffre d’affaires, selon FranceAgriMer.
Un réel poids économique donc, puisque la valeur des ventes pour la pêche et l’aquaculture (hors coquillages) ne représente que 1.200 millions d’euros pour moins de 13.100 emplois.
“Savoir-faire”
Pour Pierre Commère, directeur de l’Association des entreprises de produits alimentaires élaborés (Adepale), ce “made in France”, outre son poids économique et social, est un “savoir-faire avant tout”.
Depuis la découverte de la conserve par Nicolas Appert sous la Révolution, les techniques de transformation du poisson se sont diversifiées. Dans les années 1980 et 1990 de nouveaux métiers sont apparus, celui du saumon fumé et du surimi, tandis que le deuxième millénaire a industrialisé l’activité traiteur de la mer, déclinée aujourd’hui en marbrés, mousses et terrines, méli-mélo, marinades, carpaccio et autres spécialités.
L’Institut Appert, l’école technique de la conserve de Paris, a formé des générations de conserveurs espagnols, portugais et marocains et le savoir-faire français a constitué des références pour les règlements européens relatifs notamment aux conserves de sardines et de thon.
Quinze labels rouges
“Il est considéré comme moteur dans les nouveaux métiers de la fabrication du saumon fumé, du surimi ou encore pour l’activité traiteur de la mer”, précise Pierre Commère.
Normes AFNOR, guides de bonnes pratiques et d’hygiène, la qualité est validée et se déploie au travers de quinze labels rouges pour les produits fumés, marinées ou les conserves.
“La France est le plus gros producteur de saumon fumé dans le monde”, explique Alain Lepreux, directeur général de l’entreprise fécampoise Pêcheurs d’Islande.
Si les matières premières sont importées de Norvège, d’Ecosse et d’Irlande, l’élaboration du saumon est confiée à des mains expertes en filetage, salaison et fumaison lente, qui utilisent depuis des décennies de la sciure de bois de hêtre propice à une combustion lente pour une fumaison à point.
L’industrie française du poisson pourra-t-elle sauvegarder longtemps encore son leadership et son avance ?
L’entrée en masse de produits étrangers, comme les saumons fumés polonais ou les harengs fumés lithuaniens à des prix de vente toujours plus bas constitue un véritable danger pour la profession.
Eric Mezrich se dit pourtant confiant, car le consommateur adopte un comportement plus citoyen, plus respectueux de l’environnement et des ressources. “Leurs attentes sur l’élaboration et la traçabilité des produits consommés sont fortes”. “Le made in France” devrait continuer à faire durablement la différence, espère-t-il.