ésident de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, à Francfort le 5 juillet 2012 (Photo : Fredrik Von Erichsen) |
[02/08/2012 10:31:51] FRANCFORT (AFP) Tous les regards étaient braqués jeudi vers la Banque centrale européenne (BCE), dans l’attente de ce qu’elle pourrait annoncer face à la crise de la zone euro, après les espoirs soulevés la semaine dernière par son président.
Mario Draghi s’est dit “prêt à faire tout ce qui est nécessaire pour préserver l’euro”, dans un contexte de nouvelle aggravation de la crise pour la région, confrontée à une hausse vertigineuse des taux d’emprunt espagnols et italiens et à la reprise des rumeurs de sortie de la Grèce.
Cette promesse a été relayée par la chancelière allemande Angela Merkel, le président français François Hollande, puis le chef du gouvernement italien Mario Monti, laissant entrevoir la possibilité d’une action concertée.
Ce qui a eu pour effet immédiat d’apaiser le marché obligataire tandis que sur les places boursières, c’était l’euphorie. Mais depuis le début de semaine la prudence a repris ses droits, comme la crainte d’une certaine désillusion.
Car alors que les propos de M. Draghi ont laissé croire à une reprise d’une intervention de la BCE sur le marché obligataire secondaire (où s’échangent les titres déjà émis), pour racheter de la dette espagnole et italienne, la banque centrale allemande a réaffirmé publiquement son opposition à cette mesure, qui selon elle revient à financer les déficits publics des Etats, ce qui est interdit par les statuts de la BCE.
Certes la Bundesbank ne dispose que d’un seul vote sur 23 au sein du conseil des gouverneurs de l’institution monétaire de Francfort (ouest), mais elle représente 19% de son capital et sa voix porte davantage que celle des autres.
Une autre éventualité est que la BCE intervienne en parallèle du fonds provisoire de secours européen, le FESF, qui lui peut acheter de la dette sur le marché primaire, c’est-à-dire lors de son émission.
La Bundesbank a affirmé son soutien à une intervention du FESF seul mais refuse en revanche d’entendre parler de l’octroi d’une licence bancaire pour lui ou son futur successeur, le MES.
éenne à Francfort sur le Main, en Allemagne (Photo : Daniel Roland) |
Une licence bancaire permettrait à ces fonds de se financer auprès de la BCE et donc d’augmenter leurs moyens, que les analystes jugent trop limités.
Les dissensions affleurent aussi, parmi les dirigeants européens, sur la manière d’intervenir.
Alors que François Hollande et Barack Obama ont exprimé mercredi leur “intérêt commun à la stabilité de la zone euro”, le Premier ministre finlandais Jyrki Katainen, qui recevait le chef du gouvernement italien Mario Monti, a lui redit son opposition à une intervention du FESF ou du MES sur le marché de la dette, “par crainte qu’ils ne se retrouvent à court d’argent trop vite”.
M. Monti, qui s’était aussi rendu à Paris mardi, est attendu ce jeudi à Madrid, pour rencontrer son homologue espagnol, Mariano Rajoy, alors que l’Espagne a dû consentir, le matin même, des taux à nouveau en hausse sur des emprunts à dix ans, quatre ans et même deux ans.
Les décisions de la BCE sont donc attendues avec d’autant plus d’intérêt.
“Les anticipations sont importantes et les risques de déception également”, soulignaient jeudi les analystes du Crédit Agricole, ajoutant qu’il est très difficile de faire le moindre pronostic.
Déjà outre-Atlantique mercredi, la Réserve fédérale américaine, la Fed, a déçu en s’abstenant d’engager une troisième phase d'”assouplissement monétaire”, pourtant attendue par une partie du marché.
“Si la BCE ne délivre aucun message et aucune indication sur un quelconque soutien, les marchés vont réagir en vendant massivement”, prévoit le courtier ETX Capital.
Holger Schmieding, économiste chez Berenberg, s’attend lui à ce que M. Draghi renouvelle de manière ferme son engagement lors de la conférence de presse qui suit la réunion, à 12H30 GMT, et laisse entendre une intervention conjointe avec le FESF et MES.
Il devra en tout cas “répondre aux attentes d’une façon ou d’une autre”, estime Carsten Brzeski, de la banque ING, qui envisage un peu de rachat d’obligations, de nouvelles mesures pour tenter de stimuler le crédit ou encore un nouveau prêt à trois ans aux banques, après ceux de décembre et février.
Il estime aussi possible une nouvelle baisse du principal taux d’intérêt directeur, fixé à 0,75% en juillet, soit son plus bas niveau historique. Mais il est bien l’un des seuls à l’évoquer. “L’Allemagne n’a pas besoin d’une baisse de taux (pas encore en tout cas) et une baisse de taux ne sauvera pas l’Espagne”, estime ainsi Richard Barwell de RBS.