ère MSC Divina passe devant Marseille, le 25 mai 2012 (Photo : Gerard Julien) |
[03/08/2012 06:20:51] PARIS (AFP) En dépit d’une conjoncture morose et du drame du Costa Concordia, le marché français de la croisière résiste plutôt bien, avec une croissance du nombre de passagers à faire pâlir les voyagistes terrestres, même si les compagnies ont dû faire plus de promotions que d’habitude.
“Nous avons dépassé il y a un mois les performances réalisées sur toute l’année 2011 avec 115.000 passagers transportés contre 100.000 au 31 décembre”, se félicite Erminio Eschena, patron de MSC France, dans une interview à l’AFP.
Il table à présent sur “135.000 passagers annuels contre 120.000 initialement estimés pour 2012”.
Patrick Pourbaix, directeur général adjoint de Costa Croisières France, explique que la compagnie “a retrouvé depuis trois mois la croissance. On est en hausse par rapport à 2011 en nombre de passagers”. Et les tendances sont déjà “très positives” pour 2013, ajoute-t-il.
Après l’accident du Costa Concordia (32 morts) comme après l’avarie du Costa Allegra, “les ventes avaient immédiatement baissé mais elles étaient reparties très vite”, a rappelé M. Pourbaix.
Si le marché européen de la croisière souffre en raison de la crise économique, et notamment les clientèles espagnoles et italiennes, selon les opérateurs, le marché français s’en sort bien.
Déjà, parce qu’il est loin d’être mature avec 441.000 croisiéristes l’an passé (+27%), loin derrière les Italiens (800.000) et surtout les Britanniques (1,53 million). Une goutte d’eau comparée aux 11,5 millions de croisiéristes américains.
“On devrait dépasser les 500.000 passagers français cette année toutes compagnies confondues”, prévoit Patrick Pourbaix.
promotions
Pour le patron de MSC Croisières France, le rapport qualité/prix croisière est devenu “imbattable” par rapport aux packages des villages vacances.
île du Giglio, en Italie, le 14 janvier 2012 |
“L’industrie de la croisière a massivement investi ces dernières années et encore aujourd’hui dans des navires et des produits nouveaux, des escales qui changent, de nouvelles destinations”, explique-t-il.
Reste que le panier moyen est lui plutôt stable selon les deux compagnies, voire en “très légère baisse”, pour Costa.
Cette année, les promotions ont été plus nombreuses en France et ailleurs.
La compagnie américaine Royal Carribean Cruises, no2 mondial du secteur, a fait état la semaine dernière “de remises plus importantes que prévu” en Europe.
Même chose pour Carnival Corporation, no1 mondial et maison mère de Costa ou encore Cunard et P&O cruises qui parle de volumes de réservations en hausse mais à des “prix inférieurs” à l’année précédente.
La raison? “Difficile de savoir entre le climat économique anxyogène, les élections pour la France ou encore le drame du Concordia, quelle est la part de chacun” dans les promotions, analyse Patrick Gaudfrin, directeur-fondateur du site de vente en ligne ABCroisières.
Mais les chiffres sont là: au lieu d’avoir un repli “tous les ans de 2 à 3%, les prix ont reculé de 13% à 15%” cette saison, dit-il, et “il sera très difficile de les faire remonter”.
Les professionnels de la croisière restent quand même, juge-t-il, “les rois du pétrole” en ce moment par rapport aux tours-opérateurs terrestres, durement affectés par la crise et les conséquences du printemps arabe.
Les compagnies vont devoir néanmoins s’adapter car la clientèle de masse arrivée grâce à des tarifs très attractifs “dépensent moins à bord”, constate-t-il, ce qui veut dire moins de profits.
Pour Patrick Pourbaix, cela se traduit au quotidien par “une bataille constante pour réaliser des économies d’échelle”.
Sans doute les compagnies, pour ne pas nuire à la qualité de service, seront-elles amenées à revoir leur distribution et faire plus de ventes directes, comme c’est déjà le cas aux Etats-Unis, avance M. Gaudfrin.