Facebook, une capitalisation divisée par deux mais encore trop chère

photo_1344065540498-1-1.jpg
à la veille de son entrée en Bourse, le 17 mai 2012 à New York (Photo : Emmanuel Dunand)

[04/08/2012 07:35:13] WASHINGTON (Etats-Unis) (AFP) Le site internet communautaire Facebook a beau avoir vu son titre chuter presque de moitié depuis son entrée en Bourse il y a onze semaines, certains analystes conseillent d’attendre encore avant de se risquer à y investir.

Jeudi, l’action s’était rapprochée en séance des 19 dollars qui marqueraient la moitié du cours d’introduction en Bourse le 18 mai, avant de rebondir à la faveur de l’optimisme général du marché vendredi, clôturant à 21,09 dollars (+5,24%).

Mais dès la mi-août, un lot d’actions pourrait être mis en vente, au terme d’une période de 90 jours à partir de l’introduction en Bourse pendant laquelle les actionnaires n’avaient pas le droit de céder leurs titres.

“Je regarde les 268 millions de titres qui vont tomber dans deux semaines. Est-ce qu’il y aura assez d’acheteurs pour absorber cette offre?” se demande Michael Cormeau, du site Minyanville.

Celui-ci observe que l’estimation moyenne du marché pour le bénéfice par action annuel de Facebook avait reculé récemment, de 51 à 49 cents. “Habituellement, des estimations en baisse sont un indicateur négatif pour l’action”, note-t-il.

La semaine dernière, Facebook n’est pas parvenu à rassurer le marché avec des résultats sans relief, composés d’un bénéfice trimestriel conforme aux attentes mais assorti d’une croissance du chiffre d’affaires généralement jugée décevante.

“Les fondamentaux restent positifs”

En outre, le tableau s’est assombri avec l’existence de 83 millions de comptes douteux parmi les 955 millions d’utilisateurs du site.

Chez Global Equities Research, l’analyste Trip Chowdhry, qui jugeait déjà bien avant l’entrée en Bourse que Facebook était largement surévalué, estime que le site est peut-être victime de son succès.

“Tout le monde est sur Facebook, vos parents, vos voisins y sont”, dit-il. “Alors que font les gens? Ils se fabriquent de fausses identités, ils vont ailleurs, ils s’impliquent moins”.

M. Chowdhry ne se dit toujours pas acheteur au cours actuel, car ce niveau de l’action “signifie que la société peut se développer de 80% ou 90% d’une année sur l’autre, ce qui est impossible”.

Larry Chiagouris, professeur de marketing à l’université Pace, estime aussi que Facebook “a probablement grandi trop vite sans expliciter sa mission, et du point de vue de la génération de profits, il s’est un peu perdu”.

D’autant que les annonceurs, qui peuvent mesurer l’impact de leurs campagnes publicitaires sur Facebook, semblent dubitatifs. “Facebook doit encore prouver qu’il est un bon retour sur investissement” pour eux, ajoute-t-il.

Mais Lou Kerner, le fondateur du fonds Social Internet Fund, ne renonce pas à être optimiste: il est convaincu que Facebook saura rebondir comme le distributeur Amazon l’avait fait il y a dix ans après l’éclatement de la bulle internet.

“La leçon que j’ai apprise avec la dernière bulle, c’est qu’il faut distinguer ce que fait le marché des données fondamentales d’une entreprise”, dit M. Kerner. Et pour lui, “les fondamentaux de Facebook restent positifs”.

L’un des problèmes de la jeune société de Mark Zuckerberg est d’avoir “trop de clients”, surtout sur l’internet mobile, mais elle saura comment en tirer profit, assure-t-il.

“C’est devenu une action qui doit faire ses preuves”, poursuit M. Kerner. “Dès que Facebook aura montré qu’il peut monétiser ses utilisateurs sur appareils portables de façon substantielle, je crois qu’on verra les investisseurs qui parient sur une baisse du cours décamper, et les acheteurs faire la queue”.