ouest de Londres, durant les jeux Olympiques (Photo : Will Oliver) |
[05/08/2012 16:40:38] LONDRES (AFP) Restaurants à moitié vides, circulation ralentie, ventes en baisse… Dans le centre de Londres d’habitude bondé, de nombreux commerçants font grise mine en ce début du mois d’août, ne voyant pas arriver la manne touristique promise pour les jeux Olympiques 2012.
Dans Soho, la Maison Bertaux, “plus vieille pâtisserie de Londres”, attend désespérément les clients.
“Si l’on compare à l’année dernière, et c’est vrai pour tous les types de commerces, les gens ne viennent pas, qu’il s’agisse des Londoniens ou des touristes olympiques”, déplore la propriétaire, Michelle Wade dans sa boutique décorée aux couleurs de l’Union Jack.
En ce week-end ensoleillé de mi-JO, l’ambiance est singulièrement calme dans les rues de ce quartier à la mode, où se succèdent restaurants, pubs et boutiques branchées, à quelques kilomètres des sites olympiques de l’est de la capitale et de leur centre commercial géant de Stratford.
Les autorités locales “nous avaient dit qu’il y aurait une hausse de la fréquentation des magasins et donc une hausse des ventes, mais cela ne s’est pas produit”, déplore Rob Grogan, devant son magasin de vêtements et accessoires pour hommes, désert.
Au contraire: par rapport à la semaine précédent les Jeux, la fréquentation de sa boutique a baissé de 30%, dit-il, tout en reconnaissant que “le mois d’août n’est généralement pas le mois le plus animé de l’année”.
Alarmiste
La cause de cette désaffection, selon les commerçants? La campagne de communication alarmiste menée par la mairie et Transport for London, l’organisme gérant les transports en commun de la capitale. Depuis des mois, ils déconseillent aux usagers les endroits les plus fréquentés du centre ville, dans la crainte d’une congestion du réseau.
Le message a été tellement dissuasif que le chaos attendu dans les transports n’a pas eu lieu. A telle enseigne que le Premier ministre David Cameron a appelé les gens à “revenir dans la capitale” que certains commentateurs ont carrément qualifiée de “ville fantôme”.
“Les jeux Olympiques, c’est n’importe quoi”, fulmine, au milieu d’un magasin désert, la gérante de plusieurs boutiques de bibelots et souvenirs sur Oxford Street, le temple londonien du shopping.
Sur les trottoirs de cette artère majeure, l’affluence est pourtant au rendez-vous. Mais “ce n’est pas la bonne foule. Ils n’ont pas d’argent à dépenser”, fustige la commerçante qui tient à rester anonyme.
Pas de fièvre acheteuse
Un peu plus loin, devant un fast-food, trois jeunes venus d’Amsterdam pour assister aux épreuves de tennis et de hockey dévorent leur hamburger. Ils logent dans un camping et n’ont rien dépensé dans les magasins du centre: “Nous ne sommes pas là pour ça”, explique Marianne, 27 ans.
Pas plus de fièvre acheteuse chez Ann et Soren Forsberg, un couple de Suédois rencontrés près de Regent Street, qui préfère l’équitation et le triathlon au shopping.
Le couple a décidé de venir à Londres au dernier moment en découvrant qu’il y avait encore des billets d’avions disponibles. “Nous pensions que ce serait complet mais apparemment beaucoup de gens ne sont pas venus. Trouver un hôtel n’a pas été un problème non plus”, explique Mme Forsberg.
Un peu à l’écart d’Oxford Street, dans la quiétude d’un square, deux étudiantes suisses en transit pour Edimbourg sont occupées à écrire des lettres, assises sur un banc. “On était à Stratford hier soir, c’était horrible”, raconte Lea, 19 ans. “Alors que dans le centre c’est calme, il y a beaucoup moins de monde”, constate-t-elle, réjouie.