« La Tunisie a connu une grave récession en 2011 accompagnée de troubles intérieurs et dans la région. Le PIB s’est contracté de 1,8 % en termes réels, en raison d’une forte baisse du tourisme et des investissements directs étrangers. …. le chômage a fortement augmenté pour atteindre 19 % en 2011, le chômage des jeunes se situant à 42 %. La position extérieure de la Tunisie s’est affaiblie, le déficit du compte courant se creusant nettement, à 7,3% du PIB en 2011, et les réserves officielles diminuant, de 9,5 milliards de dollars fin 2010 à 7,5 milliards de dollars à fin 2011. Après une décélération à 3,5 % en 2011, l’inflation a augmenté pour atteindre 5,7 % en avril 2012 (en glissement annuel). … Des signes d’un rebond de l’activité économique sont apparus au début de 2012 : au premier trimestre, le PIB a crû en termes réels de 4,8 % (d’une année sur l’autre) et le tourisme et les investissements directs étrangers sont en hausse….La croissance en termes réels devrait progressivement atteindre 6 % en 2017 …en cas de stabilité macroéconomique, d’amélioration de la gouvernance et du climat des affaires, des réformes du marché du travail et du système éducatif afin de remédier aux asymétries en termes de formation professionnelle, et le renforcement du secteur financier »
Ce sont là quelques extraits du rapport du FMI. De cela, Hamadi Jebali, Chef du Gouvernement, sauf notre respect, n’a retenu que le fait que les informations avancées par le FMI représentent « une preuve de la capacité de la Tunisie à réaliser un taux de croissance supérieur à 6% durant les années à venir…et confirmer l’aptitude de la Tunisie à surmonter les obstacles économiques et à mettre en place des plans de développement capables de faire sortir le pays de la crise »…
Pourtant ce que nous devions retenir de ce rapport estime Ezzeddine Saïdane, expert économique et financier est l’affirmation selon laquelle le FMI estime le modèle économique tunisien arrivé à ses limites « Le modèle tunisien de développement et de croissance a atteint ses limites et par conséquent, il doit y avoir des réformes structurelles et profondes pour une transformation rapide ».
Le fait est que la croissance réalisée jusque là n’a pas été inclusive. Pour trois raisons indique M.Saïdane : « La première est qu’une frange importante de la population tunisienne vit dans une situation précaire et près de 10% de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté. Le modèle a donc échoué, il n’a pas réussi à sortir cette frange de la population tunisienne de la marginalisation sociale et économique. La deuxième raison est qu’après près de 60 ans d’indépendance, nous avons un taux de chômage qui avoisine les 20% et donc des réponses adéquates n’ont pas pu être fournies en nombre et en qualité à une population qui a réussi à inclure un nombre important de ses citoyens dans le système d’éducation. La troisième raison très importante se rapporte aux disparités régionales ».
Ces disparités fragilisent les acquis du pays depuis son indépendance parce qu’elles sont très importantes. Le FMI recommande dans son rapport au gouvernement tunisien d’entamer une transformation profonde du modèle économique dans le sens de plus d’efficience, de l’adapter aux réalités du pays et appelle également à rectifier la politique monétaire qui n’a pas été favorable à l’économie dans un contexte de transition démocratique. Le Fonds monétaire international tire la sonnette d’alarme et attire l’attention des autorités publiques en Tunisie à se pencher plus sur l’économique dans une scène publique axée surtout sur des débats politiques.
Des débats qui touchent parfois à des petits détails dont les conséquences ne seraient pas dramatiques sur le pays négligeant l’essentiel : Maintenir le pays en marche…
Malgré les efforts fournis, par certains membres du gouvernement, la situation du pays reste peu reluisante et les conséquences d’une soi-disant révolution tunisienne pionnière du printemps arabe seraient plus graves que ce à quoi l’on s’attendait. Car lorsque, absents pour des années pour cause d’emprisonnement ou d’exil, on est tellement coupés de la réalité du pays que l’on se trouve dans l’impossibilité de gérer correctement ses affaires, les conséquences peuvent être désastreuses sur notre pays. Lorsque certains ministres sont nommés non en raison de leurs compétences et qualifications mais en raison de leur parenté et leur appréciation par le chef suprême du parti, le crédit du gouvernement en prend un sérieux coup.
Lorsque les forces de l’ordre ne savent plus si elles doivent être républicaines ou partisanes, les dommages collatéraux, quant la justice ne sait plus à quel saint se vouer et n’arrive plus à se positionner dans les hautes institutions de l’Etat, la confiance du citoyen en ses gouvernants peut être ébranlée.
Aujourd’hui, il est plus qu’urgent de prendre des mesures adéquates pour la relance économique en passant par le sécuritaire, en réinstaurant la confiance et en rassurant les investisseurs et les opérateurs privés. Pour le FMI, il semble plus qu’urgent «d’améliorer le climat des affaires et la gouvernance pour accroître les investissements dans le secteur privé».
Quand est-ce que la roue de l’économie tournera de nouveau?