Logo de Twitter (Photo : Kimihiro Hoshino) |
[07/08/2012 14:57:27] PARIS (AFP) Tenter d’étouffer une rumeur circulant sur Twitter en intentant une action en justice s’avère compliqué et peut générer des effets dévastateurs en termes d’image pour l’intéressé, selon les spécialistes.
La difficulté à protéger sa vie privée sur le Net est à nouveau apparue récemment avec la mise en demeure adressée le 23 juin au réseau social Twitter par Anne Hidalgo. La première adjointe au maire socialiste de Paris souhaitait faire supprimer des tweets reprenant une rumeur ancienne sur ses relations avec le président de la République François Hollande.
Suite à cette procédure, Twitter a adressé plusieurs courriers d’avertissement aux utilisateurs des comptes incriminés, a-t-on appris auprès du cabinet de Me Yves Baudelot, avocat d’Anne Hidalgo qui a précisé par la suite qu’aucun de ces comptes n’avaient été fermés.
“Avec le système où chacun peut retweeter à l’infini, la difficulté de ce type de procédure, c’est d’assigner toutes les personnes qui ont tweeté. C’est sans fin et assez lourd en termes de gestion de contentieux”, observe Florence Gaullier, avocate spécialisée au sein du cabinet Gilles Verckern à Paris.
Selon la loi, la personne qui voit sa vie privée violée sur Internet doit tenter de faire supprimer le contenu incriminé en contactant la personne qui l’a édité, puis s’adresser à l’hébergeur.
“Twitter, c’est une société qui a pour vocation de faire de l’argent. Elle n’a pas pas à juger du bien et du mal, du fondé et de l’infondé au-delà de son éthique et du droit”, estime une source travaillant au sein du cabinet britannique de conseil en communication Hington Klarsey.
Pour ces sociétés spécialisées dans l’e-réputation, l’opération de déminage est non seulement complexe, mais peut avoir des effets pervers.
Négociation
à Paris (Photo : Jacques Demarthon) |
“Une entreprise ou une personnalité qui est critiquée et qui demande à ce que l’on supprime les informations qui la critiquent, va encore plus attirer l’attention du public, ce qu’elle voulait cacher. C’est ce qu’on appelle l’effet +Barbra Streisand+”, explique Grégory Arnoult, responsable chez Blueboat, installée à Mulhouse.
En 2003, la chanteuse et actrice américaine Barbra Streisand avait mené une action en justice contre le photographe Kenneth Adelman, qui avait publié une photo aérienne de sa maison. Mais la procédure judiciaire n’eut pas l’effet escompté: la star fut déboutée et le cliché se propagea rapidement sur la Toile.
“Il restera toujours des traces de ce que l’on souhaite supprimer, soit dans la mémoire de Google, soit parce qu’un internaute aura fait des captures d’écran, comme c’est le cas avec le tweet de Valérie Trierweiler, qu’elle a supprimé mais que l’on peut encore retrouver sur le Net”, ajoute M. Arnoult.
Face à ces difficultés, les spécialistes privilégient la négociation avec les détenteurs de comptes: “Il faut agir très rapidement et très discrètement en tentant d’obtenir une sortie à l’amiable”, souligne-t-on chez Hington Klarsey.
“Avant d’entamer une démarche judiciaire, il est indispensable de s’assurer qu’une bonne part des internautes va défendre votre démarche, qui peut paraître très liberticide”, ajoute cette source.
Pendant la campagne présidentielle, plusieurs comptes hostiles ou parodiant Nicolas Sarkozy avaient déjà été fermés. L’équipe du président-candidat avait alors fait jouer une clause des conditions d’utilisation de Twitter interdisant de reprendre le nom et le prénom de l’utilisateur officiel d’un compte.