Alwaleed Ben Talal pratique le micro-management. Il conçoit, décide et demande à une poignée d’hommes très proches (pas plus que 49 dont une douzaine d’hommes) auxquels il délègue l’exécution, d’agir. Car Alwaleed n’est jamais trop loin pour voir et revoir la progression des projets qu’il leur confie. L’homme fonctionne, dans ce même ordre d’idées, à la confiance: celui qui n’en est pas digne n’arrive pas à résister à la mécanique mise en place par le Prince.
Connaissez-vous les points communs entre des musiques comme le hard rock et le jazz et l’action managériale d’Alwaleed Ben Talal? Pour Riz Khan, qui a consacré un livre à la vie et à l’œuvre d’Alwaleed Ben Talal Ben Abdulaziz Al Saoud (Alwaleed, homme d’affaires, milliardaire, prince, Beyrouth: Arab Scientific Publischers, 2005, 365 pages), la réponse coule de source: «compartiments». En clair: Alwaleed Ben Talal divise tout en «compartiments».
Administration, affaires domestiques, affaires internationales, communication, hôtellerie, comptabilité, secrétariat, informatique,… Alwaleed agit de la même manière: au micro-management. Il conçoit, décide et demande à une poignée d’hommes très proches (pas plus que 49 dont une douzaine d’hommes) auxquels il délègue l’exécution d’agir et d’être au niveau de ses attentes.
Car Alwaleed n’est jamais trop loin pour voir et revoir la progression des projets qu’il leur confie. L’homme fonctionne, dans ce même ordre d’idées, à la confiance: celui qui n’en pas digne n’arrive pas à résister à la mécanique mise en place par le Prince saoudien.
L’un de ses proches collaborateurs, depuis 1995, Salah Al Ghoul, chargé de la comptabilité, raconte combien il est difficile de travailler avec Alwaleed Ben Talal. Une remarque faite par ce dernier mérite, à ce sujet, d’être citée. Le prince pousse ses collaborateurs «jusqu’à leurs limites». Il s’explique: «Il les conduit au bord de la falaise, mais ne les laisse pas tomber; il fait toujours pression, se fait très méchant, mais pas au point de faire échouer les choses. Et lorsque quelqu’un souhaite une aide, il l’obtient».
Pas un travail, mais un mode de vie
Autre remarque, sur le mode de gestion d’Alwaleed, celle d’un autre collaborateur, Talal Al Maïman, qui a rejoint le prince en 1996, et qui estime que travailler pour Alwaleed «n’est pas un travail, mais un mode de vie». Il s’explique: «Ce n’est pas un job aux tâches bien définies. Ou vous faites avec ou vous ne durerez pas». En ajoutant ceci: «Une chose que le prince n’admet jamais, c’est l’échec dans l’une de ses affaires. Donc, il s’attend que les gens comprennent cette priorité».
L’homme se révèle être, en outre, un drôle de négociateur. Il faudrait, sans doute, dire un fin négociateur. Voici ce que dit un autre collaborateur du nom de J.C. Shoucair, qui a commencé à travailler aven Alwaleed en 1997, pour être son conseiller pour les investissements internationaux: «Il a une main de poker. Vous ne savez pas s’il veut continuer l’affaire ou s’il ne s’y intéresse pas. Les membres de son équipe sont quelquefois confondus ne sachant plus ce qui se passe. Mais c’est une méthode qui marche».
Mais s’il sait être dur en affaires, Alwaleed est un homme pieux –«La religion m’aide, dit-il, à garder les pieds sur terre»- qui sait être un bienfaiteur. Sa fondation (Alwaleed Ben Talal Foundation) est connue pour ses œuvres caritatives et pour son action en faveur du dialogue entre les cultures. Il ne perd pourtant pas le Nord. Sa prise de participation, en décembre 2011, dans Twitter à hauteur de 300 millions de dollars américains (environ 450 millions de dinars) en est un parfait exemple.