ût 2012 (Photo : Frank Perry) |
[09/08/2012 13:24:44] PARIS (AFP) Les opérateurs de stations-service se sont dit inquiets jeudi d’un éventuel blocage gouvernemental des prix de carburants, qui n’est possible selon eux qu’en réduisant les taxes ponctionnées par l’Etat –comme l’ancienne TIPP flottante– et pas en faisant payer la note aux pétroliers.
Non seulement la France importe la quasi totalité de son pétrole mais aussi 50% de son gazole via le marché de Rotterdam, a souligné à l’AFP Jean-Louis Schilansky, président de l’Union française des industries pétrolières (Ufip).
“A partir du moment où les prix français seraient bloqués et à un cours qui serait inférieur au cours de Rotterdam, si le cours de Rotterdam venait à augmenter, qu’est ce que vous faites?”, s’est inquiété le représentant du secteur pétrolier français.
La marge nette –c’est à dire le bénéfice final– de tout le réseau de distribution de carburants, du stockage aux stations-services en passant par le transport, n’est que d’un centime d’euro par litre (pour un coût total d’environ huit à dix centimes), a-t-il assuré.
Autrement dit, tout écart de prix supérieur à un centime entre les prix bloqués et les prix du marché contraindrait les distributeurs à vendre à perte.
Compte tenu de cette faiblesse des marges, un blocage poserait alors “des problèmes économiques insurmontables”, a déclaré Alexandre de Benoist, représentant de plusieurs chaînes de supermarchés au sein de l’Union des importateurs indépendants pétroliers, au Bulletin de l’industrie pétrolière.
Apparaîtrait en outre “un risque d’approvisionnement”, avertit M. Schilansky.
Promesse de campagne du président François Hollande, le blocage temporaire des prix du carburants est revenu sur le devant de la scène ces dernières semaines, avec la remontée des prix à la pompe au niveau qu’ils avaient lors du 2e tour de l’élection, le 6 mai.
baisse des taxes
Le ministre de l’Economie Pierre Moscovici a réaffirmé mardi que la mesure était toujours d’actualité si les prix continuaient leur remontée et a lancé mercredi une nouvelle mission sur la transparence des prix des stations.
ût 2012 (Photo : Frank Perry) |
Dans le programme du candidat Hollande, un blocage temporaire de quelques mois en cas de flambée des prix devait précéder l’instauration d’un mécanisme de Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE, l’ex-TIPP) flottante.
Une réforme qui remporte plus de suffrages du côté des gérants de stations-service qu’un blocage stricto sensu, puisque c’est l’Etat qui paierait la note, au prix d’un manque à gagner fiscal.
Le patron de la chaîne d’hypermarchés Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, a affirmé jeudi qu’il avait “toujours été pour” un blocage des prix de l’essence, mais en insistant sur l’idée d’une baisse des taxes. Celles-ci représentent actuellement environ 60% du prix TTC de l’essence et 50% de celui du diesel.
“Je suis partant pour qu’on annonce à l’avance qu’on va engranger moins d’impôts, passé à un certain stade de prix du carburant”, a dit sur Europe 1 le patron de l’enseigne de distribution, qui est aussi l’un des principaux vendeurs de carburant en France.
Seuls les pays producteurs de pétrole –qui ne paient pas le prix de marché pour avoir de l’or noir– offrent actuellement des prix bloqués à leurs populations, des mesures d’ailleurs critiquées parce qu’incitant à la surconsommation.
En France, depuis la libéralisation des prix dans les années 80, les tarifs des carburants n’ont été réglementés qu’à une seule reprise, en août-septembre 1990, lors de l’invasion du Koweït par l’Irak.
Les vendeurs de carburants devaient alors s’aligner sur le prix hors taxe de Rotterdam, leur marge de distribution étant ensuite fixée par l’Etat. Mais il ne s’agissait pas d’un véritable blocage des prix, souligne aujourd’hui l’Ufip.
La loi française exige en outre, pour pouvoir appliquer un contrôle des prix, “une situation de crise, des circonstances exceptionnelles, une calamité publique ou une situation manifestement anormale du marché dans un secteur déterminé”.