La Slovénie, cible des agences de notation, doit assainir son secteur bancaire

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ène, Janez Jansa, tient une conférence de presse le 25 mai 2012 à Ljubljana (Photo : Jure Makovec)

[09/08/2012 14:23:20] LJUBLJANA (AFP) La Slovénie, victime d’un tir groupé des agences de notation, devrait pouvoir échapper à une demande d’aide européenne, mais va devoir rapidement assainir son secteur bancaire et mettre un terme à ses querelles politiques internes, jugent des experts.

En l’espace d’une semaine, le petit pays issu de l’ex-Yougoslavie et ancien élève modèle de la zone euro a vu sa note souveraine dégradée par les trois grandes agences anglo-saxonnes, Moody’s puis Standard and Poor’s début août, et Fitch mercredi.

Toutes trois ont invoqué la détérioration du secteur bancaire qui croule sous les crédits douteux et a besoin d’être recapitalisé d’urgence.

Selon Fitch, qui a abaissé sa note d’un cran à A- avec une perspective négative, la Slovénie va devoir injecter 2,8 milliards d’euros, soit l’équivalent de 8% de son Produit intérieur brut (PIB), dans son secteur bancaire d’ici 2013 pour le remettre à flot.

Le gouvernement du conservateur Janez Jansa a déjà dû venir au secours de la première banque du pays, Nova Ljubljanska banka (NLB), recapitalisée en juillet, et espère pouvoir la privatiser à la fin de l’année ou début 2013.

Les évaluations des agences “corroborent la position du gouvernement, à savoir qu’il faut agir rapidement”, a réagi le ministère des Finances dans un communiqué.

Auparavant, le pouvoir s’était déclaré “surpris” par la dégradation –particulièrement sévère– de la note de Moody’s, jugeant que le plan d’austérité décidé en mai n’avait pas été suffisamment pris en compte. Ce plan doit permettre de ramener le déficit public de 6,4% en 2011 à 3,5 ou 4% cette année.

Le gouvernement a formellement exclu d’avoir recours à une aide européenne, comme la Grèce, le Portugal ou l’Irlande l’ont fait.

Un avis partagé par les experts interrogés par l’AFP. “Sur la base des indicateur gros problème dans le secteur bancaire”, estime Joze Mencinger, directeur de l’Institut économique de Ljubljana.

Même si elle augmente rapidement ces dernières années, la dette publique du pays a atteint seulement 47,6% du PIB en 2011, en dessous des critères de Maastricht (60%) fixés par l’UE.

“Du point de vue de la recapitalisation des banques, nous n’aurons pas besoin (d’une aide européenne) d’ici la fin de l’année, et je ne suis pas sûr que nous en aurons besoin l’an prochain”, indique de son côté Maks Tajnikar, professeur en économie à l’université de Ljubljana.

“Nous avons encore assez de marge de manoeuvre et nous pouvons régler les problèmes sans avoir recours à des emprunts supplémentaires, mais nous devons le faire prochainement”, a-t-il prévenu.

Les querelles persistantes des élites politiques slovènes n’aident pas à rétablir la confiance.

Le gouvernement de Janez Jansa, une coalition composée de cinq partis, ne dispose que d’une mince majorité au parlement. L’opposition social-démocrate menée par le maire de Ljubljana Zoran Jankovic rejette notamment l’inscription dans la Constitution d’une “règle d’or” budgétaire, dont le vote est prévu le 10 septembre et qui doit recueillir les deux tiers des voix pour être adoptée.

Pour convaincre l’opposition de céder, M. Jansa ne cesse de jouer les Cassandre depuis plusieurs mois, évoquant même un “scénario grec” pour la Slovénie, ce qui a contribué aussi à nourrir les spéculations sur une demande prochaine d’une aide européenne.

Le grand quotidien slovène Delo, citant une source proche du ministère des Finances, affirme jeudi que le gouvernement travaille à un deuxième plan d’austérité, visant à couper encore davantage dans les dépenses publiques, afin d'”améliorer la crédibilité” du pays et rendre ses conditions d’emprunt plus supportables.

Les taux des obligations slovènes sur 10 ans dépassent les 7%, un niveau jugé intenable sur le long terme.