éréalier en France (Photo : Joël Saget) |
[09/08/2012 15:51:55] PARIS (AFP) L’envolée des cours des matières premières agricoles s’est répercutée en juillet sur les prix alimentaires mondiaux qui ont grimpé de 6%, selon les chiffres de la FAO, alors que la sécheresse sévit dans les principaux pays producteurs.
L’indice FAO des prix des aliments s’est établi en moyenne à 213 points en juillet, en hausse de 12 points par rapport à juin, après trois mois consécutifs de baisse, a annoncé jeudi l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
En cause, la flambée des prix des céréales et du sucre, indique la FAO qui ajoute que l’indice des prix des aliments reste toutefois loin de son record de 238 points atteint en février 2011.
A ces niveaux, les prix “sont pénalisants pour beaucoup de pays, particulièrement ceux qui sont pauvres et qui dépendent du marché mondial pour importer leur nourriture”, a déclaré à l’AFP Abdolreza Abbassian, économiste à la FAO.
La hausse des prix sur les marchés nationaux reste cependant limitée: “jusqu’à présent, les prix à l’échelle nationale n’ont pas grimpé autant que les prix internationaux”, a-t-il relevé.
Ces dernières semaines, les prix des matières premières agricoles ont connu des flambées en Europe comme à la Bourse de Chicago, sous la pression d’aléas climatiques simultanés chez plusieurs grands producteurs comme les Etats-Unis et la Russie.
“Nous allons probablement observer une grande volatilité des prix dans les semaines et mois à venir”, a poursuivi M. Abbassian.
“Les choses pourraient se détériorer très rapidement, comme ce fut le cas en 2008”, mais au niveau actuel, “nous ne sommes pas encore dans ce scénario”, a affirmé l’économiste.
Pour l’organisation non gouvernementale Oxfam, ces chiffres ne constituent “pas un simple réveil mensuel”, a commenté un porte-parole, Colin Roche, cité dans un communiqué. “C’est la même alarme qui n’arrête pas de sonner depuis 2008”.
indice FAO et des prix de produits alimentaires de base depuis janvier 2010 |
“La combinaison de prix en hausse et de réserves attendues en baisse signifie que le monde fait face à un double danger”, a-t-il poursuivi.
L’indice FAO du prix des céréales a augmenté de 38 points par rapport au mois de juin, à 260 points. Il est à 14 points de son record absolu atteint en avril 2008.
Aux Etats-Unis, les perspectives de récoltes de maïs se sont largement détériorées en raison de la sécheresse et des fortes chaleurs intervenues à des moments critiques du développement de la céréale, souligne la FAO, ce qui a fait grimper les prix de 23% en juillet.
“Les Etats-Unis et l’Europe doivent arrêter leurs programmes de biocarburants insensés, qui transforment 40% du maïs américain, par exemple, en carburant pour les voitures et les camions”, a réclamé Colin Roche.
Les cours du blé se sont renchéris de 19%, les perspectives de production étant moins bonnes que prévu en Russie, alors que la demande de blé destinée à l’élevage devrait être soutenue en raison de réserves limitées en maïs.
Les prix du riz, une denrée essentielle à la sécurité alimentaire humaine, sont restés quasiment inchangés en juillet.
Pour autant, des pluies de mousson insuffisantes en juillet en Inde devraient conduire à réviser à la baisse les prévisions de production mondiale de riz pour 2012, a indiqué la FAO en début de semaine.
Les prix du sucre se sont renchéris en juillet en raison d’aléas climatiques au Brésil, principal exportateur, ainsi qu’en Inde et en Australie.
Par contraste, les prix de la viande connaissent un troisième mois consécutif de baisse, en particulier la viande de porc, dont les cours ont chuté de 3,6%.
Les prix des produits laitiers sont restés stables en juillet par rapport à juin, après cinq mois de baisse, mais ils sont contrastés selon les produits. Depuis le début de l’année, ils ont baissé de 16%, notamment le beurre (-27%).