Où peut-on fuir la chaleur caniculaire qui s’est abattue sur nos villes et villages cette année et qui fait doubler notre souffrance habituelle pendant le mois saint? Où fuir la chaleur et la hausse des prix et la baisse vertigineuse des mœurs de nos compatriotes soi-disant en jeûne donc en abstinence de tout ce qu’on peut appeler «mauvaises manières» selon la tradition?
Les mauvaises manières se sont introduites même chez nos salafistes! Ceux-là même que nous découvrons jour après jour, comme cette querelle qui s’est produite dans une mosquée où le jeûne a été rompu avant l’heure et des injures ont été échangées et même le nom de Dieu a été blasphémé… trois jours seulement après l’agression de Abdelfattah Mourou! Evidement on trouvera toujours un personnage inénarrable comme Abdelaziz Khademi, ministre des Affaires religieuses de son état, pour nous assurer que l’agresseur de Mourou est du RCD! Cependant, on s’en fout qu’il ait été du RCD, ce qui compte le plus c’est qu’il soit aujourd’hui nahdhaoui et salafiste notoire!
Ceci n’a rien à voir avec le mois saint. Je fais comme si je ne l’avais pas écrit!
Les mauvaises manières que nous tentons de combattre par le jeûne sont dures à combattre quand nous vivons tous un climat de nonchalance généralisé qui risque, si les choses perdurent, de conduire le pays dans une situation où un seul mois de ramadan ne suffira pas pour expier nos erreurs mais des années entières!
Il suffit de voir nos rues avec leurs saletés, nos poubelles éventrées, nos chats errants rassasiés pendant que nos compatriotes triment toutes les nuits pour ramasser des bouteilles en plastique qu’ils vont vendre pour pouvoir tout simplement manger.
Il suffit de voir nos campagnes sinistrées, nos jeunes désœuvrés, nos fonctionnaires absents, nos politiques sans vergogne, et j’en passe et des meilleures d’autres figures de nonchalance généralisée!
Il suffit de voir comment nous avons dévoyé notre pratique du jeûne par la folie de consommation. Il suffit de voir le nombre vertigineux d’actes de manipulation de prix, de vente de produits de qualité inconsommable, de pratiques de toutes natures qui se concentrent pendant le mois saint! Et ensuite, le fonctionnaire absent de son poste, le vendeur des légumes, le boucher, le boulanger, le flic qui a enfui un billet de dix dinars dans sa poche, le salafiste qui blasphème Dieu dans la mosquée. Tout ce beau monde se retrouve aux prières des «Trawihs» le soir … et Dieu est miséricordieux!