La présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates Ahlem Belhadj a affirmé, vendredi, l’attachement des composantes de la société civile à manifester à l’avenue Bourguiba à l’occasion de la célébration du 56e anniversaire de la promulgation du code du statut personnel, rejetant catégoriquement le projet de l’article 28 de la première ébauche de la nouvelle Constitution.
« Le dialogue se poursuit avec le ministère de l’intérieur pour avoir l’autorisation de manifester à l’avenue Habib Bourguiba », a-t-elle indiqué lors d’une conférence de presse qu’elle a donnée, conjointement, avec la présidente de l’Association des femmes tunisiennes pour la recherche et le développement (AFTURD) Radhia Dridi et le président de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH) Abdessattar Ben Moussa. Le ministère de l’intérieur, a-t-elle noté, a justifié sa décision portant interdiction de manifester à l’avenue Habib Bourguiba le 13 août, par « son incapacité de garantir la sécurité requise à cette marche » vu la grande affluence sur ce boulevard pendant le mois de ramadan.
« La réglementation par le ministère de l’intérieur des manifestations vient confirmer son adoption des mêmes pratiques de l’ancien régime », a, pour sa part, indiqué le président de la LTDH, mettant en garde contre la confiscation des libertés en cas d’adoption de l’ébauche de la nouvelle Constitution publiée par les médias ». Quant à Radhia Dridi, elle a exprimé sa crainte de voir la situation de la femme tunisienne régresser, estimant que « la démocratie ne peut se réaliser sans garantir les droits et la dignité de l’Homme et consacrer l’égalité des sexes ». « Nous craignons l’instauration d’une nouvelle dictature au nom de la légitimité, à travers l’adoption de lois et de la nouvelle Constitution », a-t-elle encore lancé, faisant remarquer que les articles liés aux droits et libertés dans l’ébauche de la Constitution ne répondent pas aux ambitions du peuple tunisien qui, a-t-elle rappelé, avait scandé, pendant la révolution du 14 janvier, des slogans revendiquant la liberté et la dignité.
Par ailleurs, les présidents de ces associations se sont déclarés étonnés face aux positions des nombreux constituants qui s’avisent de porter atteinte au principe de l’égalité des deux sexes. Le projet de l’article 28 de la Constitution qui évoque la notion controversée de complémentarité entre l’homme et la femme représente, a-t-il dit, une violation des promesses tenues par les candidats des différents courants politiques lors de la campagne électorale. Ils ont également rejeté catégoriquement ce projet et réaffirmé leur attachement au principe de l’égalité entre les deux sexes, appelant les constituants à retirer cette proposition et à adhérer pleinement aux ambitions et choix du peuple.
WMC/TAP