Championne méritante, sportive «précieuse», elle ramène de l’ARGENT au pays, nous couvre de sa gloire en triomphant dans une compétition impitoyable où les petits peuvent se mesurer aux plus grands et les surclasser. Faut-il la renier ou l’aduler? A vouloir bafouer la flamme olympique on risque de se brûler les doigts.
Il n’y a rien à dire, Habiba Ghribi, cette icône victorieuse, a une étoffe de championne. Elle en a le mordant et le mental. S’il n’était présomptueux de ma part, je dirais que c’est un peu normal qu’elle gravît le podium. Nous étions plusieurs millions à courir avec elle sur la piste du stade olympique. Elle nous a fait vibrer, nous l’avons propulsée. Elle a capté toute l’énergie positive que nous lui dédions.
C’était pareil avec Oussama Mellouli. Nous étions plusieurs millions à nous jeter à l’eau, dans le bassin pour «doper»-traître mot!- on va dire booster sa brasse et «ARGENTER» le palmarès national. Des victoires de ce gabarit, convenons-en et n’en déplaise aux esprits chagrins, ça redore le blason du pays. La Tunisie qui gagne et qui se distingue, dans l’univers olympique, dédié à la compétition loyale et au dépassement de soi, c’est exaltant et non mécréant. Rien de moins.
Le culte de l’exploit, le culte de l’esprit sportif
Cette médaille, elle nous en a fait rêver. Et elle a fini par nous l’offrir. Elle lui a couru après sur la piste olympique, au royaume de l’éthique olympienne qui fait concourir ensemble des compétiteurs issus de ‘‘l’Humanité’’ réunie. Petits et grands sur le même pied d’égalité, sous la férule de l’esprit sportif et du triomphe de la compétition loyale et sous le règne de la charte du sportif.
Habiba Ghribi s’est battue. Tout comme l’a fait Oussama Mellouli. Ils vivent hors de frontières parce que nos moyens manquent pour encadrer des champions de haute compétition. Bravo pour eux de se former chez nos compétiteurs avec leur savoir à eux et de les surclasser sur terrain. Sous cet angle, Habiba Ghribi apparaît comme un cadeau du ciel. Et bravo à la charte olympique de permettre cette compétition ouverte et de ne pas nous fermer la porte au nez. On leur tire un coup de chapeau. Quel message d’espoir et d’ambition pour leurs émules, nos jeunes, qui doivent les regarder avec ravissement. On devrait leur faire un pont en or.
Ces gens que nous sommes impuissants à accompagner dans leur épopée et que rien n’arrête. Il faut voir comment les nations développées adulent leur champion qui devient véhicule de l’idéal du dépassement de soi et des «frontières mobiles». Regardez le podium. Une Russe, une Ghanéenne et une Tunisienne. L’hémisphère sud dans sa conception économique, en somme. Des démunis et des handicapés d’infrastructure sportive et qui sont habités par la gagne. Et qui ramènent des médailles.
Hors jeu. OUT!
La victoire de Habiba Ghribi a été un peu ternie par des commentaires désobligeants sur sa tenue de compétition. Elle ne pouvait pas concourir en salopette de meccano ou en tablier de cuisine. Faisons l’état des lieux. Les escrimeuses sont intégralement couvertes, par nécessité de protection des coups d’épée. Les nageuses sont enveloppées pour mieux se couler dans l’eau. Les judokas sont drapées dans des Kimonos qui masquent leur plastique. Les tenniswomen sont en jupette pour nécessité de rebond sur jambes. Et, en course d’obstacle, il est nécessaire d’avoir l’enjambée franche et sans entrave. Le short serré est la tenue validée par le Comité olympique. Les sportives, en courant, ne dévoilent pas leurs jambes elles en libèrent le mouvement. Ce faisant, elles ne s’exhibent pas. Les spectateurs, dans l’enceinte du stade, sont là pour soutenir les sportifs et faire régner les valeurs du sport et non pour se livrer à du voyeurisme. Allons, de la tenue!
Déchéance de nationalité ou «excommunication»
La proposition de déchoir Habiba Ghribi de sa nationalité a de quoi choquer. Du podium au bûcher, mais à quelle époque vivons-nous? Faire fi de l’esprit olympique et de son message de paix et de solidarité, c’est cracher dans la soupe. Mais comment les autres nations nous regarderaient-elles. Une sportive en tenue n’est pas une bimbo qui s’expose. C’est un vecteur de triomphe de l’esprit sain dans un corps sain. Regarder la chose, autrement, dénote d’un regard malsain. Exclure la gent féminine de la compétition sportive, c’est une façon de lui faire porter le tablier de cuisine. Châtier Habiba Ghribi, c’est porter atteinte à son honneur et à sa dignité d’être humain. Et par delà, à la cause de la femme. C’est peut-être le but poursuivi par les auteurs de la proposition de sa punition. Traiter avec la femme n’est pas une affaire physique mais d’intelligence. Le sport, c’est vrai, est affaire de mental. L’obscurantisme, c’est le contraire.