L’Italie a besoin “d’un peu de tranquillité sur les marchés”

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à Washington (Photo : Paul J. Richards)

[12/08/2012 09:19:00] ROME (AFP) L’Italie n’a pas besoin de l’aide des fonds européens de secours, “la seule chose qui serait utile c’est un peu de tranquillité sur les marchés”, a déclaré dimanche le ministre italien de l’Economie Vittorio Grilli dans un entretien au quotidien Repubblica.

“Nous estimons que les instruments mis en place par la Banque centrale européenne quand ils seront opérationnels, pourront alléger substantiellement les tensions sur les différentiels”, l’écart entre les taux obligataires italiens et les taux allemands, a déclaré le ministre italien.

“Ce dont nous avons besoin ce sont des conditions de marchés normalisées qui permettent un renouvellement ordonné de nos émissions obligataires à l’échéance, c’est tout”, a expliqué M. Grilli.

Pour lui, le niveau toujours très élevé du “spread” italien (écart avec le taux des bons du trésor allemands à 10 ans) est lié à “deux composantes: une externe; la méfiance à l’égard de l’euro, actuellement prépondérante, et une interne; correspondant au jugement quant à notre capacité d’assainir l’économie, en ce moment secondaire”. “Il n’y a pas de +cas Italie+ et s’il y en avait un, ces derniers mois grâce à l’action de ce gouvernement, il s’est largement estompé”, a-t-il estimé.

Interrogé sur la situation budgétaire italienne par rapport à celle de l’Espagne, M. Grilli a refusé d’entrer dans des comparaisons mais a relevé que “l’Italie est actuellement l’un des pays les plus vertueux au monde et certainement d’Europe”.

“Nous avons besoin d’aucune aide pour aplanir notre déficit: nous avons un excédent primaire (avant paiement des intérêts sur la dette, ndlr) conséquent et l’an prochain nous aurons l’équilibre budgétaire en termes structurels”, a-t-il rappelé.

Pour les mois à venir, il a exclu un nouveau plan d’austérité du gouvernement Monti qui “ne ferait que déprimer ultérieurement une économie déjà en récession”. Le gouvernement n’envisage pas non plus de mesures comme un impôt sur les grandes fortunes, estimant avoir déjà rééquilibré la fiscalité en taxant davantage les rentes immobilières et financières.

Pour s’attaquer à l’énorme dette italienne (près de 2.000 milliards d’euros, 123% du PIB), M. Grilli a confirmé qu’il présentera en septembre un plan de réduction équivalent à 1% de PIB par an passant par la cession de l’immense patrimoine immobilier public.

Avec ce programme qui s’ajoutera aux coupes budgétaires prévues pour réduire la dette de 3% par an, “on pourrait abaisser le rapport entre endettement et PIB de 20 points en cinq ans”, a estimé M. Grilli.

En outre, le gouvernement poursuivra la réduction des dépenses publiques, baptisée “spending review”, sans se contenter de sabrer dans les ministères dont les effectifs chiffrés à 170.000 salariés ne représentent “que 5% des 3,3 millions de personnes travaillant pour des organismes publics”.

“Il faut réorganiser en profondeur la fonction publique”, a estimé le ministre, en souhaitant un désengagement total de l’Etat de la myriade de sociétés locales d’électricité, de collecte des déchets ou traitement des eaux usées, afin de favoriser la concurrence et une baisse des tarifs.

L’Etat doit en revanche conserver ses participations dans certains secteurs stratégiques, a estimé M. Grilli en disant vouloir créer un “Pôle des grands réseaux” avec Snam, Terna et Fintecna. L’Etat maintiendra aussi une “golden share” d’au moins 30% dans des firmes clés comme Eni (pétrole, gaz), Enel (électricité) et Finmeccanica (défense, aéronautique) qui “grâce à la présence en leur sein d’une composante publique et privée sont plus solides”.