Outre la question de la volonté politique des pays de la région de s’engager sur cette voie, l’intégration régionale de l’Afrique du Nord butte sur la question du comment, c’est-à-dire de la manière d’atteindre cet objectif.
Les experts ayant réalisé l’étude de la Banque africaine de développement (BAD) intitulée «Débloquer le potentiel de l’Afrique du Nord à travers l’intégration régionale, challenges et opportunités (Unlocking North Africa’s Potential through Regional Integration, CHALLENGES AND OPPORTUNITIES) ont, quant à eux, identifié six secteurs/thèmes susceptibles selon eux d’aider les six pays d’Afrique du Nord (Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Egypte) à constituer un ensemble économique et commercial régional. Ces six secteurs sont, selon Saoussen Ben Romdhane, Emanuele Santi et William Shaw, l’énergie, le changement climatique et l’environnement, le secteur financier, la facilitation du commerce et le transport, le développement humain et les technologies de l’information et de la communication.
Dans l’énergie, le développement d’un marché intégré «aiderait à satisfaire la demande d’électricité qui croît rapidement, à mieux exploiter la diversité des ressources énergétiques de la région, capitaliser sur l’émergence de nouvelles technologies d’énergie, et aider à satisfaire les exigences techniques d’un secteur énergétique nord-africain efficient et intégré».
Des efforts communs étant «nécessaires pour protéger les ressources d’eau qui sont en train de devenir de plus en plus rares et sont particulièrement vulnérables au changement climatique», l’intégration régionale permettrait aux pays nord-africains de «mieux exploiter leurs richesses naturelles communes».
De même, l’intégration régionale pourrait «améliorer les dispositions pour éviter le changement climatique et préserver l’environnement» à travers l’intensification de la coopération régionale, réduire les barrières au développement d’un marché des énergies renouvelables et des capacités de fourniture d’énergies propres.
Dans le secteur financier –où l’on doit en priorité renforcer l’infrastructure, harmoniser les politiques réglementaires et éliminer les obstacles aux activités transfrontalières-, l’intégration pourrait contribuer au renforcement de la compétitivité des pays.
Le commerce est peut-être l’un des domaines offrant le plus grand potentiel de développement de la coopération entre les pays de la région. Selon le rapport de la BAD, d’importants progrès peuvent être réalisés à travers «la réduction des barrières commerciales formelles et informelles», l’adoption d’une approche régionale de l’assistance technique, l’amélioration de la qualité du réseau routier, et le renforcement des services dans les ports.
Les efforts d’intégration et de coopération –via le partage d’expériences et les économies d’échelle- régionales peuvent également aider les pays de la région à bien mener les réformes nécessaires pour affronter «les terribles défis du chômage des jeunes, de l’adaptation du système éducatif aux besoins du marché, et de la création de filets de protection sociale efficients».
La compétitivité, un des impératifs économiques majeurs, peut enfin être renforcée grâce à l’amélioration du cadre réglementaire pour favoriser une rapide croissance du secteur des TIC pour laquelle les pays de la région ont, selon le rapport de la BAD, les atouts requis: «un personnel bien formé, et la présence de multinationales avec une technologie avancée».
(Source : BAD)