é prêt pour la moisson, le 11 août 2012 à Viemme, en Belgique (Photo : Georges Gobet) |
[14/08/2012 05:10:46] PARIS (AFP) Après l’envolée des cours des céréales sur les marchés internationaux, les associations de consommateurs craignent une hausse des prix dans les supermarchés souhaitée par les fournisseurs mais les distributeurs se veulent rassurants.
“Cette année, on a pas mal d’accidents climatiques qui vont conduire à de très mauvaises récoltes, notamment aux Etats-Unis avec le maïs, ou en Russie avec le soja. Cela crée des tensions sur les prix semblables à ce qu’on a connu en 2007-2008”, explique Philippe Pinta de la FNSEA.
Selon l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, cette envolée des cours des matières premières agricoles s’est répercutée en juillet sur les prix alimentaires mondiaux, qui ont grimpé de 6%.
Cantonnée pour l’instant aux salles de marché, la hausse pourrait toucher les rayons des magasins d’ici quelques mois, préviennent les associations de consommateurs.
“A la fin de l’été 2007, on a mis en place un observatoire des prix et on n’a pu observer l’effet dans les rayons qu’à partir de janvier 2008”, indique Marie-Jeanne Husset de 60 millions de consommateurs, qui indique que les prix de l’alimentaire ont déjà augmenté de 3% cette année.
“Depuis 4 ans, les prix alimentaires n’ont pas cessé d’augmenter, à cause du prix des matières premières mais pas uniquement, le prix de l’énergie et beaucoup d’éléments rentrent en compte. On est en période de crise grave, les distributeurs et les industriels doivent faire très attention”, juge-t-elle.
“Ce qu’on a vu dans le passé, c’est que la répercussion des prix des matières premières se fait plus rapidement à la hausse qu’à la baisse”, prévient de son côté Thierry Saniez, délégué général de la CLCV, une association de défense des consommateurs qui craint que le phénomène ne se reproduise et sera “trés vigilant”.
Une hausse “inéluctable”
Côté distributeurs, on estime qu’il est trop tôt pour parler de répercussions.
“Il y a toujours un laps de temps de plusieurs mois entre l’augmentation des prix des matières premières et une éventuelle répercussion, et il faut une augmentation de long terme”, souligne Mathieu Pecqueur, chargé des questions agricoles auprès de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD).
“S’il devait y avoir une hausse à long terme, on essaierait d’en limiter la répercussion (..) pour qu’il n’y ait pas d’impact sur les volumes consommés”, précise-t-il, expliquant qu’une hausse de 1% du prix de la viande se traduisait par une baisse des ventes.
A l’inverse, l’industrie agroalimentaire juge la hausse “inéluctable”.
“La grande distribution va arbitrer entre ses propres marges et le prix proposé au consommateur. A part pour quelques chaînes comme Leclerc et Intermarché, le terrain n’est pas favorable au secteur”, estime Jean-René Buisson, président de l’association nationale des industries agroalimentaires (ANIA), “tout concourt à une répercussion partielle des hausses au consommateur”.
“Tous les produits à base de céréales, ainsi que la viande, seront impactés par ces augmentations, pas forcément dès le mois de septembre, mais sûrement au cours de l’année 2013”, détaille-t-il, et “si la hausse n’est pas répercutée par la grande distribution, il y a un risque pour nos entreprises”.
Pour les volaillers, qui font face aux mêmes difficultés que les industriels, il faudrait environ 25 centimes de plus par kilo de poulet pour compenser le manque à gagner, selon M. Pinta, et “contrairement à d’autres pays qui répercutent assez rapidement la hausse des prix, en France c’est très lent”.
C’est au cours des négociations annuelles entre fournisseurs et grande distribution, qui doivent débuter en octobre, que se décidera une éventuelle répercussion des hausses du prix des matières premières.