a)
Recommandations sur la politique structurelle et à long terme :
• Promouvoir une croissance inclusive soutenable : Bien que la croissance
soutenue et la stabilité macroéconomique aient permis de réduire la pauvreté
absolue, ces facteurs n’ont pas suffi à réduire la pauvreté relative. Au stade
actuel de son développement, la Tunisie est appelée à revoir son schéma de
distribution de la croissance et promouvoir une croissance pro-pauvres. Les
politiques publiques, notamment celles relatives aux investissements et aux
services sociaux, devraient permettre d’atténuer l’impact des disparités
régionales engendrées par la concentration des activités économiques dans les
zones côtières et créer davantage d’opportunités dans les régions pauvres.
Certaines des politiques qui ont été mises en œuvre sous l’ancien régime (telles
que les mesures d’incitation à l’investissement dans les régions moins
desservies) restent pertinentes mais elles devraient être davantage axées sur le
secteur privé. Elles devraient également faire partie d’une approche stratégique
claire, combinée à une politique de développement des infrastructures
et de
création du réseau d’entreprises privées susceptible d’accroître les relations
d’affaires entre les régions.
• Instaurer une gestion axée sur les résultats, transparente et décentralisée,
au sein de l’administration: La décentralisation de l’administration et la
déconcentration budgétaire rendront les collectivités locales plus autonomes et
amélioreront l’efficacité de la prestation des services publics, une fois
qu’elles auront été démocratiquement élues et qu’elles seront donc directement
redevables aux besoins de populations locales. Parallèlement, un système
transparent de gestion axée sur les résultats, visant clairement à favoriser les
pauvres et les régions peu desservies devrait être mis en place.
• Améliorer le système éducatif et l’orienter davantage aux besoins du marché :
Plus de 40 % des diplômés en sciences sociales, en économie, en gestion et en
droit sont au chômage, alors que seuls 24 % des ingénieurs diplômés sont sans
emploi. Les cursus universitaires et de
formation professionnelle devraient être
ajustés de manière à ce que les compétences produites soient adaptées aux
besoins du marché du travail du secteur privé. Une approche plus proactive
pourrait être adoptée par les universités et les écoles de formation pour
établir des partenariats avec le secteur privé, permettant aux étudiants et aux
enseignants d’être en contact direct avec le secteur privé. A long terme, les
efforts devraient être orientés à améliorer la qualité du système éducatif,
depuis l’éducation primaire.
• Accroître l’efficacité du marché du travail: Le gouvernement tunisien avait
mis en place différents mécanismes de soutien à l’emploi estimés à 0,7% du PIB,
mais qui n’ont jamais fait l’objet d’évaluation. Une évaluation objective et la
rationalisation de ces mécanismes déjà en place, en vue d’améliorer la politique
de l’emploi, permettront d’accroître leur efficacité.
Parallèlement, des procédures et un système d’indemnisation transparents et
objectifs pour les licenciements pour raisons économiques et techniques
devraient être mis en place, une question qui affecte la compétitivité des
entreprises et l’éligibilité aux indemnité-chômage.
En outre, la clarification du statut des agences de recrutement privées par
l’extension de leur mandat en tant qu’agence intermédiaire et l’augmentation de
leur nombre pourraient permettre d’améliorer l’efficacité du marché du travail
et réduire l’insécurité de l’emploi pour les travailleurs employés par ces
agences.
• Réduire l’inégalité des sexes sur le marché du
travail : Bien que la Tunisie
ait réussi à promouvoir l’équité dans l’éducation, l’impact de cet acquis est
neutralisé par une discrimination sociale tacite à l’égard des femmes sur le
marché du travail. A l’instar de nombreux pays développés, la Tunisie, qui
compte un grand nombre de femmes instruites et talentueuses, pourrait encourager
une discrimination positive visant à promouvoir la participation des femmes à la
vie professionnelle. La politique de l’emploi pourrait également mettre l’accent
sur l’encouragement de l’emploi des femmes.
A suivre :
Défis structurels: progresser dans la chaîne des valeurs
Source : BAD