Arrivé
vers fin juillet, Jacob Walles est déjà à pied d’œuvre. Le nouvel ambassadeur
des Etats-Unis à Tunis, qui avait présenté ses lettres de créance le 22 juillet,
a depuis multiplié les rencontres avec des responsables du gouvernement et de la
société civile et Iftars –à la fois comme hôte et invité- pour s’imprégner de la
réalité de la nouvelle Tunisie. Aujourd’hui, il commence à lever un coin du
voile sur ce que va être sa feuille de route durant sa mission en Tunisie. Il
l’a fait jeudi 16 août lors de sa première rencontre avec des représentants de
la presse tunisienne.
En fait, l’arrivée d’un nouvel ambassadeur ne chambarde jamais la politique d’un
pays envers un autre. Il n’est donc guère étonnant que les propos de
l’ambassadeur Jacob Wallace aient un air de déjà entendu, puisqu’on les a déjà
entendus de la bouche de son prédécesseur, Gordon Gray.
Ainsi, on n’a pas été étonné d’entendre le nouveau diplomate américain rappeler
que, pour les autorités de son pays, donc pour lui, la Tunisie est de tous les
pays du
Printemps arabe
celui où «la transition s’est jusqu’ici plutôt bien
déroulée» et que pour cette raison, l’expérience tunisienne est vue à Washington
comme un modèle pour les autres pays de la région.
Et, en réponse aux interrogations tunisiennes concernant certains dérapages,
dont des atteintes à la liberté d’expression, Jacob Walles rappelle, comme son
prédécesseur, et tous les responsables américains ayant visité la Tunisie, que
l’expérience d’autres pays ayant connu des phases de transition démontre que «le
processus n’est pas facile, qu’il y a des hauts et des bas». Mais le diplomate
américain n’en démord pas: il est optimiste au sujet de la Tunisie et pense
qu’elle va réussir à établir sa propre démocratie. C’est clair: les Etats-Unis
soutiennent totalement et fortement l’expérience en cours en Tunis «mais pas un
parti politique», insistera l’ambassadeur américain en réponse à une accusation
à peine voilée de «connivence» avec
Ennahdha. Toutefois, Jacob Walles dira
qu’«il est important que la transition respecte les valeurs universelles comme
la liberté d’expression, de religion, etc.».
Son pays ayant décidé d’aider –de diverses manières- à faire réussir la
transition tunisienne, Jacob Walles va bien entendu poursuivre sur cette voie
et superviser, avec la partie tunisienne, la mise en œuvre des divers programmes
d’aide et de coopération.
En plus de ceux réalisés ou initiés du temps de son prédécesseur, d’autres sont
en préparation dont l’ambassadeur Walles a promis de révéler bientôt la teneur.
Venu pour «focaliser sur les relations bilatérales, poursuivre ce qui est déjà
engagé, et développer ces rapports là où cela est possible», Jacob Walles
consacrera une bonne partie de son temps et de son énergie au dossier
économique.
Tunis et Washington étant désireux de développer leurs relations commerciales et
ayant déjà commencé à discuter de la manière d’y parvenir, Jacob Walles ne
voudrait pas attendre la fin de négociations d’un Free Trade Agreement
–désormais remis sur le tapis- parce qu’«elles durent longtemps». Le nouvel
ambassadeur voudrait essayer, avec la partie tunisienne, de trouver le moyen
d’avancer plus rapidement dans le domaine commercial.
La Tunisie ayant également besoin «de défendre ses frontières poreuses», les
Etats-Unis entendent poursuivre, voire augmenter leur aide à l’armée tunisienne.
La sécurité à l’intérieur étant elle aussi essentielle, Washington entend aider
à transformer des forces de sécurité «jadis répressives», rappelle l’ambassadeur
américain. «Ce ne sera pas facile, mais nous sommes en train de discuter avec le
gouvernement de la manière dont nous pourrions aider ce changement», révèle
Jacob Walles. Vaste programme susceptible d’assurer au diplomate américain un
mandat bien rempli.