Syrie : aux côtés des cyber-opposants, des “hacktivistes” parisiens s’engagent

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Une femme devant un ordinateur (Photo : Shah Marai)

[17/08/2012 10:47:19] PARIS (AFP) Comme Tom, membre parisien du groupe Loop installé dans un squat du 14ème arrondissement, ils sont des dizaines dans le monde à épauler les activistes anti-Bachar dans leur cyber-guerre contre les autorités syriennes.

Pour les membres du “Laboratoire ouvert ou pas” (Loop), la coupure totale d’Internet par le régime d’Hosni Moubarak, lors de la révolution égyptienne, a été une révélation, et le signal de départ d’une mobilisation internationale.

“Ils ont osé, on pensait tous qu’aucun pays n’oserait couper l’Internet!”, raconte à l’AFP ce jeune homme brun au regard brillant, installé dans la petite salle mise à la disposition du groupe dans le squat baptisé “Gare XP”, proche du périphérique.

“Des geeks du monde entier se sont ligués pour aider l’opposition égyptienne à revenir en ligne. Cela a marché. Et aujourd’hui ce sont les Syriens qui ont besoin de nous”, dit-il.

Le Loop, c’est une dizaine “d’hacktivistes” (hackeurs-activistes) motivés et actifs, une trentaine d’intermittents qui passent de temps à autre donner un coup de main et 250 personnes sur la liste de diffusion.

Ils agissent aux côtés de l’opposition syrienne sur internet en collaboration avec le groupe international d’hacktivistes Telecomix, fondé en 2009.

Le 15 septembre 2011, ils sont parvenus pendant quelques minutes à détourner tout le trafic Internet sortant de Syrie sur une page d’accueil dans laquelle ils prévenaient les internautes des risques d’être surveillés, donnaient des conseils pour mieux se dissimuler et proposaient leurs services et leurs compétences pour rendre le plus anonymes possibles les communications.

Crypter, éviter la traçabilité

“Nous avons créé, installé et configuré des salons de discussions en direct (IRC) 100% anonymes et sûr, sur lesquels les opposants syriens peuvent nous contacter et même se contacter entre eux en étant sûrs qu’ils ne pourront pas être identifiés par le régime, même s’il dispose de technologies de pointe achetées en France ou aux Etats-Unis”, poursuit Tom.

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à Amman (Photo : Khalil Mazraawi)

Depuis, ils ont gagné la confiance de dizaines d’activistes et d’opposants syriens, qui risquent leurs vies pour faire sortir films et informations du pays via le réseau.

“Leurs demandes: comment anonymiser les échanges de courriels, comment crypter des SMS sous Androïd, comment ne pas de faire repérer en ligne, éviter la traçabilité ? Des gars de Telecomix, de Loop et d’ailleurs se retrouvent pour leur proposer des solutions, étudier leurs problèmes”, explique-t-il.

“Pas question d’être des utopistes qui font ça pour s’amuser et mettent la vie des gens en danger. Nous portons une sacré responsabilité: s’ils utilisent les technologies que nous leur apportons, il faut qu’elles soient sûres à 100%! On ne peut pas se gourer. Tu ne peux pas te dire: +Hoops! Je viens de faire tuer cinquante personnes…+”

“Parfois, des relations se nouent avec des gars à l’intérieur de la Syrie. On apprend à se connaître, malgré les pseudos. Et puis un jour, plus de nouvelles du gars. Plus jamais de nouvelles… Là, ton ordinateur, tu ne le regardes pas de la même manière…”

Récemment des questions sont arrivées sur les possibilités d’utiliser des “quadcopters”, petits drones hélicoptères dotés de quatre hélices, faciles à fabriquer et à faire voler par télécommande.

“Les plans sont partout, en logiciels libres”, sourit Tom. “Ce serait pas mal de les aider à fabriquer ça. Trois quadcopters avec de petites antennes radio: tu les fait voler sur les toits de trois immeubles du quartier. Et hop, tu as un mini-réseau. Facile à monter, à démonter, difficile à détecter!”

Figure publique de Loop, habitué à représenter le groupe dans les médias, le jeune homme explique et détaille les aspects “ouverts” de “l’Opération Syrie”. “Mais, vous comprenez bien, il y a pas mal de choses qui doivent rester secrètes…”