à Paris (Photo : Joel Saget) |
[18/08/2012 05:30:28] PARIS (AFP) Patrick Ricard, fils de l’inventeur du pastis et président emblématique de Pernod Ricard, est décédé brutalement vendredi à l’âge de 67 ans, après plus de trois décennies à la tête d’un groupe qu’il a hissé au rang de numéro deux mondial des boissons alcoolisées.
“La famille, le conseil d’administration et la direction générale de Pernod Ricard ont la tristesse d’annoncer le décès de M. Patrick Ricard survenu soudainement ce jour”, a annoncé Pernod Ricard dans un communiqué confirmant une information révélée en fin de soirée par le site du quotidien Nice-Matin.
Selon des sources concordantes, M. Ricard a succombé en fin d’après-midi à l’hôpital Sainte-Anne de Toulon, où il avait été transporté peu auparavant après avoir été victime d’un malaise cardiaque sur l’île de Bendor, propriété de la famille au large des côtes varoises, près de Bandol (Var).
Dans un communiqué diffusé dans la nuit de vendredi à samedi, le Medef a fait part de son “émotion” et sa “très grande tristesse”, Laurence Parisot évoquant “une immense perte pour la communauté des entrepreneurs”.
Patrick Ricard avait “su diversifier et internationaliser le groupe sans jamais dévier de sa vision: la montée en gamme de ses marques”, a souligné la présidente du patronat, saluant la mémoire d’un “grand décideur” doté d'”une vision et d’un projet ambitieux pour son entreprise”.
Né le 12 mai 1945, Patrick Ricard était le fils de Paul Ricard, l’inventeur du célèbre “vrai pastis de Marseille”.
Entré sans diplôme en 1967 dans l’entreprise familiale fondée par son père 35 ans plus tôt, il en avait pris la direction générale en 1972, trois ans avant la fusion avec Pernod, le grand rival.
Il a régné ensuite pendant trois décennies sur le groupe, cumulant de 1978 à 2008 la présidence du conseil d’administration et la direction générale du groupe.
L’internationalisation sur le tard
En novembre 2008, Patrick Ricard avait abandonné cette dernière fonction, qu’il partageait depuis 2000 avec son bras droit Pierre Pringuet, un polytechnicien, ingénieur des Mines et ancien du cabinet de Michel Rocard à Matignon, devenu le premier dirigeant du groupe extérieur à la famille Ricard.
Patrick Ricard, qui avait annoncé un an plus tôt son intention de lâcher les manettes opérationnelles pour une semi-retraite anticipée, avait néanmoins conservé la présidence du conseil d’administration.
ère Paul Ricard,le 21 novembre 1984 (Photo : Gerard Fouet) |
C’est dans la dernière partie de son règne, à partir des années 2001, que Pernod Ricard, jusqu’alors uniquement centré sur l’Europe, a véritablement pris une dimension internationale grâce à une politique d’acquisitions tous azimuts mise en oeuvre par Pierre Pringuet.
En 2001, le groupe s’empare d’une partie du géant canadien Seagram, bradé par la famille Bronfman et Vivendi, mettant la main sur deux “pépites”, le whisky Chivas et le cognac Martell.
En 2005, Pernod Ricard devient le numéro deux mondial des vins et spiritueux, derrière le britannique Diageo, en rachetant un autre britannique, Allied Domecq. L’opération fait tomber dans son escarcelle une pluie de marques: gin Beefeater, champagnes Mumm et Perrier Jouët, whisky Ballantines.
En 2008, l’acquisition de la vodka suédoise Absolut lui permet de couvrir toute la palette des spiritueux.
Pernod Ricard emploie aujourd’hui 18.000 salariés dans plus de 70 pays, pour 107 sites de production. Le groupe, qui publiera le 30 août ses résultats annuels 2011/2012, a dégagé sur les six premiers mois de l’exercice un bénéfice net en hausse de 20% à 800 millions d’euros. Son chiffre d’affaires sur neuf mois s’élevait à 6,3 milliards d’euros (+7%).
Amateur de chasse et d’art, M. Ricard était marié et père de trois enfants. Il était depuis 2007 commandeur de la Légion d’honneur.