Europe (Photo : Paul Vreeker) |
[18/08/2012 13:11:23] ROTTERDAM (AFP) Sur un immense banc de sable artificiel s’étendant dans le prolongement des docks, camions et pelleteuses s’activent sans relâche : le port de Rotterdam, premier d’Europe, se construit une extension afin de quasiment doubler de volume.
“Nous avions besoin d’espace”, explique à l’AFP Rene van der Plas, directeur du port de Rotterdam, de son bureau, au quinzième étage d’un immeuble surplombant le quatrième port du monde : “la seule direction dans laquelle nous pouvions aller, c’était vers la mer”.
Au loin, douze kilomètres au large des côtes néerlandaises, des dragueurs pompent jour et nuit du sable ensuite déversé plus près du port actuel, pour former le banc de sable qui doit servir de base à la construction de la nouvelle extension, le “Maasvlakte 2”.
Au total, 3,8 millions de mètres cubes de sable doivent être pompés et déversés de manière à gagner 2.000 hectares sur la mer, souligne M. Van der Plas : “ce projet a changé à jamais les côtes néerlandaises”.
D’un coût total de trois milliards d’euros, dont 600 millions investis par le gouvernement néerlandais, les travaux ont débuté en 2008.
Ils doivent permettre au quatrième port au monde de porter de 19 millions à 36 millions le nombre des conteneurs et de 34.000 à 57.000 le nombre des cargos pouvant transiter chaque année par le port à partir de 2033, lorsque le “Maasvlakte 2” sera complètement opérationnel.
En attendant, la première phase des travaux doit bientôt s’achever et un premier nouveau terminal de 156 hectares doit être opérationnel début 2013.
Europe (Photo : Lex van Lieshout) |
Des cargos de plus en plus grands
Les travaux d’expansion doivent permettre au port de Rotterdam de répondre aux besoins de cargos de plus en plus grands, souligne M. Van der Plas. Ceux-ci peuvent atteindre 400 mètres de long, 60 mètres de large et transporter 18.000 conteneurs.
“Ces bateaux auront besoin de cycles de chargement et de déchargement rapides, ce que Maasvlakte 2 peut leur offrir”, assure Rommert Dekker, professeur de logistique à l’université Erasme de Rotterdam.
“Le port de Rotterdam va rester un centre-clé en Europe en matière de transport”, soutient-il : “Maasvlakte 2 a été pensé comme un tout nouveau port et ne sera pas construit sur d’anciennes infrastructures, il disposera donc des dernières technologies disponibles”.
Jouissant en outre d’excellentes connexions pour les transports ferroviaires, routiers et fluviaux, le port de Rotterdam devrait continuer à dominer ses concurrents européens.
Autorisation de la reine
Dans un pays dont plus d’un quart du territoire est situé sous le niveau de la mer, les travaux d’aménagement de la côte sont légion, mais Rene van der Plas assure que des travaux tels que ceux liés à “Maasvlakte 2” n’avaient plus été vus depuis près d’un siècle.
“La dernière fois que nous avons eu un projet de cette ampleur et de cette nature, ça a probablement été l’Afsluitdijk”, dit-il, évoquant une digue longue de 32 kilomètres située au nord d’Amsterdam, qui date de 1932 et isole l’IJsselmeer, un lac d’eau douce, de la mer.
En vertu d’une loi datant de 1904, le chef de l’Etat néerlandais doit donner sa permission pour des travaux visant à “étendre son royaume”, explique Menno Steenman, qui supervise les travaux.
L’autorisation a été accordée en 2008, la reine Beatrix ayant dès lors permis que la superficie de son royaume soit donc augmentée de 2.000 hectares, soit plus de 40 fois la taille du Vatican.