La Bourse de Madrid (Photo : Javier Soriano) |
[23/08/2012 16:51:03] PARIS (AFP) Les taux d’emprunt de l’Espagne et de l’Italie ont poursuivi leur remontée jeudi sur le marché obligataire, après leur récente détente, les investisseurs attendant maintenant des précisions sur les modalités d’une probable intervention de la Banque centrale européenne.
Vers 18H00 (16H00 GMT), le taux à 10 ans espagnol, qui évolue en sens inverse du prix, progressait à 6,346% sur le marché secondaire, où s’échange la dette déjà émise. Il était de 6,274% la veille en clôture.
Le “spread”, ou écart de taux avec l’Allemagne, est d’ailleurs remonté en séance à 500 points de base, soit 5 points de pourcentage, avant de redescendre sous ce seuil.
De son côté, le taux à 10 ans de l’Italie a atteint 5,698% (contre 5,660%).
“Le marché a besoin de détails sur la séquence à venir en zone euro. Il se demande à quel moment l’Espagne va demander de l’aide et quelles seront les modalités d’intervention de la BCE”, indique Frédérik Ducrozet, économiste chez Crédit Agricole CIB.
Selon lui, les investisseurs sont convaincus que la BCE agira pour apaiser les tensions sur le marché obligataire en zone euro. La banque centrale a toutefois déjà prévenu que toute aide serait conditionnée à une demande formelle de la part des pays concernés.
Les marchés devront probablement attendre au moins jusqu’à la prochaine réunion de la BCE le 6 septembre, ajoute l’économiste.
Les investisseurs surveillaient par ailleurs les différentes rencontres en zone euro consacrées principalement à la Grèce, qui cherche à gagner du temps pour assainir ses finances.
En soirée, le président français François Hollande se rend à Berlin pour rencontrer la chancelière allemande Angela Merkel, afin d’échanger sur la zone euro et la Grèce.
“Nous ne nous attendons pas à des annonces dans l’immédiat”, préviennent les stratégistes chez BNP Paribas.
Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a estimé qu’un allongement du calendrier pour que la Grèce réalise les économies demandées n’était “pas une solution”.
Un délai supplémentaire pour la Grèce ?
Une éventuelle décision sur un délai supplémentaire de deux ans pour le retour du pays à l’équilibre budgétaire ne devrait toutefois pas être prise avant les conclusions de la mission de la troïka, représentant les créanciers de la Grèce, attendues en septembre.
Enfin, les investisseurs ont eu la confirmation que la zone euro se dirige vers une probable récession au troisième trimestre. L’activité du secteur privé s’est encore contractée en août, pour le septième mois consécutif, selon une première estimation de l’indice PMI publiée jeudi.
Comme la veille, les taux des pays les plus solides ont tiré profit des difficultés de l’Espagne et de l’Italie.
Le taux à 10 ans de l’Allemagne tombait à 1,375% (contre 1,461%) et celui de la France à 2,073% (contre 2,136%).
En dehors de la zone euro, le rendement britannique à 10 ans baissait à 1,570%, contre 1,633% mercredi.
Par ailleurs, le taux à 10 ans des Etats-Unis baissait à 1,673%, contre 1,692% mercredi, tout comme celui à 30 ans à 2,793%, contre 2,804% la veille. Le taux à trois mois reculait à 0,09% contre 0,10% la veille.
Selon le compte-rendu de leur dernière réunion publié mercredi, les dirigeants de la banque centrale des Etats-Unis seraient tentés d’augmenter “sous peu” leur soutien à l’économie américaine en cas de persistance du ralentissement économique.
Sur le marché interbancaire, l’Euribor à trois mois a reculé à un nouveau plus bas historique à 0,303% contre 0,310% mercredi. Le Libor libellé en dollars a baissé à 0,427%, contre 0,431% la veille.