A Cuba, le débat sur l’émigration des jeunes envahit la toile

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é de la Havane, le 7 février 2011

[24/08/2012 14:21:39] LA HAVANE (AFP) L’émigration des jeunes Cubains à la recherche d’une nouvelle vie s’est développée en un débat politique sur l’internet où ils dénoncent leur frustration face à une société engluée dans l’immobilisme.

“Le pays perd sa jeunesse et ses talents, et au lieu d’ouvrir un débat réaliste sur la manière de mettre fin à cette hémorragie, il reste ancré dans un immobilisme idéologique qui n’est que l’expression de sa peur de l’avenir”, affirme Ivan Lopez, un Cubain de 28 ans émigré en Bulgarie.

Ivan Lopez, dont la lettre est publiée par le blog catalan Punt de Vista (joanantoniguerrero.blogspot.fr), fait partie des quelque 36.000 Cubains, pour la plupart jeunes et diplômés, qui émigrent légalement chaque année aux Etats-Unis, en Europe et en Amérique latine.

“A quoi sert mon vote ? Que puis-je espérer changer à Cuba ?”, demande Ivan Lopez en réponse à une “lettre ouverte à un jeune qui s’en va” publiée il y a trois mois (lajovencuba.wordpress.com) par le politologue Rafael Hernandez, directeur de la revue cubaine Temas.

Loin de l’orthodoxie politique cubaine, l’universitaire analysait les causes de l’émigration des jeunes Cubains, qu’il attribue essentiellement à leur nécessité d’accomplissement personnel.

“Nous qui restons, nous continuerons de compter sur toi. Nous t’attendrons toujours, comme un fils qui revient d’un long voyage”, affirmait le politologue dans sa lettre ouverte.

“Nous voulons que tu ne partes pas complètement, et pour s’en assurer, il faut garder la porte ouverte”, poursuivait l’auteur de la lettre qui a provoqué une petite tempête de réactions chez les jeunes émigrés cubains, sans participation des jeunes dans l’île où l’accès à l’internet est très limité.

“De Cuba sont partis des artistes, des musiciens, des sportifs de haut niveau, des médecins, des ingénieurs, des spécialistes de tous types que le pays avait formés avec beaucoup d’efforts”, souligne Esteban Morales, ex-doyen des sciences humaines de l’Université de La Havane.

Le problème de l’émigration “nous concerne tous, et surtout nous, qui n’avons jamais songé à partir”, affirmait Rafael Hernandez auquel Ivan Lopez renvoie “la “frustration des jeunes qui ne voient à Cuba aucune relève générationnelle depuis 50 ans, parce que les autorités la refuse”.

La lettre du jeune immigré “court comme un feu de prairie sur les réseaux sociaux”, affirme une Cubaine de 28 ans vivant à Barcelone.

“Ce n’est pas parce que nous sommes à l’étranger que nous avons moins de droits à nous exprimer librement, Cuba reste notre maison et malgré les apparences nous souffrons tous de ce qu’il s’y passe”, affirme un des intervenants des blogs.

Sur Punt de Vista, Maikel Rodriguez, 28 ans et résidant à Bruxelles, explique: “je suis parti, comme beaucoup d’autres, avec un billet de retour. Mais je ne rentrerai que lorsque la Cuba que vous (Rafael Hernandez) décrivez existera vraiment”.

“Les autorités cubaines et leurs partisans n’acceptent pas les critiques, elles se noient dans leurs échecs et leurs justifications”, ajoute un autre émigré, identifié comme José Luis, sur Facebook.

Depuis plusieurs mois, les autorités cubaines ont annoncé tenir en préparation une réforme des lois migratoires qui devraient faciliter les voyages à l’étranger des Cubains, aujourd’hui trop chers et trop difficiles pour la grande majorité d’entre eux.