L’ordinateur Louis XV, ou comment assortir un PC à son mobilier de style

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é par le créateur Georges Chirita (Photo : Emmanuelle Trecolle)

[25/08/2012 10:50:29] PARIS (AFP) LouPouvoir assortir son ordinateur au décor Louis XV, Louis XVI ou Empire d’un bureau de style est maintenant possible grâce au travail d’un entrepreneur français qui a su rassembler les meilleurs artisans d’art autour de son projet de marier la tradition à la haute technologie.

Les PC de la grande distribution et leur triste plastique gris s’effacent maintenant devant les ordinateurs que fabrique Georges Chirita dans son atelier de Seine-et-Marne avant qu’ils ne soient habillés d’écrans plaqués or, soutenus par des colonnes en marbre où trônent des aigles impériaux et accompagnés de souris et de claviers gainés de cuir.

“Au début, tout le monde était étonné de voir un lustre Louis XV avec des ampoules électriques, maintenant ça n’étonne plus personne”, explique M. Chirita, le créateur d’origine roumaine de ces luxueux appareils, assis devant une bibliothèque où se mélangent manuels d’informatique et ouvrages sur les Arts décoratifs.

Arrivé en France il y a 22 ans, cet ingénieur électronicien de formation a fait le constat que “l’ordinateur n’était considéré jusqu’alors que comme un outil, et qu’arrivé à maturité il était maintenant plus facile de le considérer comme un objet de luxe”.

Il décide alors d’exploiter les richesses artistiques de la France dans un domaine inédit: le design des ordinateurs. Il choisit donc de privilégier trois styles, dominants selon lui, Louis XV, Louis XVI et Empire.

Pour réaliser son idée, à la fin des années 1990, M. Chirita fait des maquettes, des prototypes. Il monte lui-même tous les composants informatiques dans son atelier, mais achoppe sur la réalisation des décors de style. Il se rend compte qu’il n’obtiendra pas le résultat attendu avec des outils modernes.

L’entrepreneur part donc à la recherche d’artisans d’art qui puissent mettre au service de son projet “leur savoir-faire extraordinaire transmis de génération en génération” tout en respectant le style, les proportions spécifiques et les éléments décoratifs propres à chaque modèle.

“Un vrai travail d’horloger”

L’accueil est d’abord méfiant, il faut du temps à M. Chirita pour obtenir la confiance de ces artisans plus habitués à réhabiliter des pièces chargées d’histoire que de se frotter à la high-tech.

“Mais une fois qu’ils ont compris le principe et se sont aperçus que cela ne dévalorisait pas leur travail”, l’entrepreneur a réussi à se faire intégrer dans le circuit, “très fermé” selon lui, des artisans d’art.

S’il réalise lui-même 80% de l’ordinateur, dont toute la partie électronique, il sollicite ceux-ci selon leur spécialité: le travail du marbre, de l’albatre, du lapis-lazuli ou de la malachite, le tournage des pièces en métal ou la dorure du boîtier. Vient ensuite l’assemblage dans son atelier, un “vrai travail d’horloger” réalisé avec de petites vis, elles aussi recouvertes d’or.

Le prix de ces ordinateurs de luxe est le reflet du soin et des luxueux matériaux utilisés: il démarre à 17.000 euros. Ensuite, “tout dépend du style et des finitions”, selon M. Chirita, qui ajoute que tout est possible selon le goût du client pour des pièces massives ou plaquées, l’ajout d’initiales ou d’un blason.

“Nous travaillons principalement avec des architectes décorateurs, les personnes fortunées n’ont pas le temps de s’occuper de ça elles-mêmes. Parfois, nous ne connaissons même pas le client final”, indique-t-il.

“La clientèle est internationale à 90%”, explique encore M. Chirita qui, à défaut de donner plus de détails sur sa riche clientèle, précise que les Chinois aiment la finition brillante, les clients du Golfe persique l’or mat, et que les Américains ne montrent pas de préférence marquée.

Quant au nombre de ces ordinateurs très spéciaux vendus chaque année, il est lui aussi secret. Tout juste saura-t-on que les ventes sont confidentielles car il faut pas “banaliser le produit”.