ée, le 25 août 2012 (Photo : Bertrand Langlois) |
[26/08/2012 13:25:25] ATHENES (AFP) La Grèce, qui cherche à restaurer sa crédibilité, espère que l’offensive de charme du Premier ministre Antonis Samaras à Berlin et à Paris va faire taire les critiques au moment où le pays s’active pour obtenir un sursis afin de redresser ses comptes publics.
En une semaine, M. Samaras a rencontré tour à tour la chancelière allemande Angela Merkel, le président français François Hollande et le chef de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, pour assurer que son gouvernement honorerait ses engagements envers ses créanciers (UE, BCE et FMI).
“J’aimerais croire que ces rencontres nous ont permis de lentement renverser le climat de défiance vis-à-vis de notre nation”, a déclaré M. Samaras dimanche à la radio NET.
“Je dis bien +lentement+ car tout le monde nous demande des preuves quant aux changements engagés. Cet effort se poursuivra”, a ajouté le chef du gouvernement, qui a pris ses fonctions en juin après une nouvelle crise politique en Grèce.
“Le principal but était de dire +vous avez un interlocuteur crédible+ et qu’un nouveau départ a été pris”, a quant à lui estimé le commentateur politique Panagiotis Panagiotou sur la chaîne de télévision publique grecque NET.
“Et deuxièmement, de cesser de parler d’une sortie de la Grèce de la zone euro.”
Samedi, la France avait demandé à la Grèce de démontrer sa “crédibilité” sur ses engagements de redressement budgétaire, sans clairement prendre position sur une requête d’Athènes en vue d’obtenir un délai supplémentaire de deux ans, jusqu’en 2016, pour réaliser ses objectifs.
ée, le 25 août 2012 à Paris (Photo : Bertrand Langlois) |
Comme Mme Merkel la veille, M. Hollande a répété que les partenaires européens de la Grèce attendraient le rapport de la troïka des créanciers avant que l’Europe ne fasse “ce qu’elle doit” faire pour aider davantage le pays, entré dans sa cinquième année consécutive de récession.
Ce rapport, qui est déterminant pour le versement des aides promises à Athènes, est attendu pour octobre.
Les experts mandatés par la troïka et les autorités grecques doivent finaliser ensemble un nouveau paquet des mesures pour permettre à la Grèce de réaliser 11,5 milliards d’euros d’économies en 2013 et 2014. Une nouvelle mission de ces experts est attendue la semaine prochaine à Athènes.
Incluant de nouvelles baisses de retraites et des suppressions d’emplois publics, ce programme vise à débloquer 31,5 milliards d’euros dans le cadre des prêts gelés depuis des mois, sans lesquels le pays sera en défaut de paiement.
“M. Samaras et son équipe économique ont envoyé tous les bons signaux. Mais ceux-ci n’ont pas encoré été suivis d’actes pour changer radicalement le climat de défiance en Europe”, écrit le quotidien libéral grec Kathimerini.
“La Grèce hors de la zone euro en 2013”
Dimanche le ton n’avait pas en effet beaucoup changé dans la presse allemande, qui continue de multiplier les titres sur la sortie de la Grèce de l’Union monétaire.
“Merkel a peut-être dit qu’elle voulait que la Grèce reste dans la zone euro, mais elle n’a pas parlé d’éventuelles concessions”, égratigne le Süddeutsche Zeitung.
ère allemande Angela Merkel, le 24 août 2012 à Berlin (Photo : David Gannon) |
Bild, le plus gros tirage du pays, préfère citer, lui, le secrétaire général du parti de centre droit CSU, parti frère bavarois de l’Union chrétienne démocrate (CDU) de la chancelière Angela Merkel, qui “voit la Grèce hors de la zone euro en 2013”.
Le Berliner Zeitung a pour sa part recours à une caricature de M. Samaras cherchant la salle de bains dans la chancellerie allemande et tombant sur une pièce baptisée “Grexit taskforce” (groupe de travail sur la sortie de la Grèce de la zone euro).
Une cellule spéciale a été mise en place au ministère allemand des Finances pour examiner les conséquences éventuelles d’une sortie d’Athènes de la zone euro, rapporte le Financial Times Deutschland.
Selon le quotidien, ce groupe est en train de réfléchir aux “conséquences financières” de ce scénario catastrophe et examine “comment éviter un effet domino sur d’autres pays de la zone euro”.
“Nous ne demandons pas plus d’argent mais du temps pour respirer”, n’a eu de cesse ces derniers jours de plaider M. Samaras, qui doit en outre sur le plan interne se préparer à une bataille parlementaire à l’automne pour poursuivre l’ensemble des réformes.
Mais pour Berlin, “plus de temps, cela veut dire en général plus d’argent”, lui a répondu samedi le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, écartant de nouveau l’hypothèse d’un délai.
Les experts évaluent le coût d’un sursis entre 20 et 60 milliards d’euros.