Regard «plus critique» du FMI sur les faiblesses du secteur bancaire tunisien (2)

fmi-221455445455445455-l.jpgLe
rapport du
FMI estime que la surévaluation des garanties constatée signifie que
«le provisionnement des créances douteuses est probablement insuffisant puisque
les provisions sont calculées déduction faite des garanties», et recommande de
se conformer aux standards internationaux en matière de classification et de
provisionnement des créances.

En raison de ces faiblesses, les garanties bancaires pourraient être
«surestimées de manière significative». La valeur totale des garanties
«représente près de 50%» de celle des créances douteuses «même si une large part
de ces garanties date de plus de cinq ans». Or, constate le
FMI, «l’expérience
d’autres pays avec de semblables ratios de valeur des garanties sur créances
douteuses suggère des taux de recouvrement beaucoup plus faibles», peut être
inférieur à 50% et «même à 10% pour certaines créances».

La surévaluation des garanties signifiant que «le provisionnement des créances
douteuses est probablement insuffisant puisque les provisions sont calculées
déduction faite des garanties», le
FMI souligne l’importance de se conformer aux
standards internationaux en matière de classification des créances, de
provisionnement et d’évaluation des garanties, et avertit que «les faiblesses
dans ce domaine compromettent sérieusement la capacité de la BCT à estimer et
traiter la vulnérabilité du secteur bancaire».

Et ce n’est pas un hasard, si le
FMI a choisi d’illustrer le problème des
créances accrochées en mettant sur la table le cas du tourisme. En fait, ce
secteur «présente un risque particulièrement sérieux pour les banques en
Tunisie». Outre les «multiples facteurs structurels» ayant miné la solidité
financière au cours des 15 dernières années, le secteur a été plongé par
l’instabilité politique et les problèmes de sécurité dans une sévère récession
s’étant traduite par une baisse des revenus de 40%. A telle enseigne que le
tiers des 850 hôtels est dans une difficile situation financière.

Les tests de résistance bancaire –notamment en matière de solvabilité et de
liquidité- auxquels le
FMI a procédé donnent à penser que le secteur bancaire
pourrait se trouver confronté à de forts besoins de recapitalisation découlant
«d’une sous-évaluation des déficits actuels, ainsi que la probabilité d’une
dégradation de la qualité des créances».

En conséquence, le
FMI recommande que les banques commencent «immédiatement» à
mettre de côté du capital additionnel et fait remarquer que «de larges
recapitalisations des banques publiques représente un passif fiscal potentiel
qui pourrait affecter la stabilité macroéconomique».

Dans son scenario le plus défavorables, le test de résistance bancaire démontre
que les banques sont «très vulnérables à la défaillance de leur plus grand
emprunteur». Le
FMI fait remarquer que «les banques les plus affectées sont
celles dont le portefeuille inclut des crédits à de grandes entités du secteur
public, quoique ces entités aient une garantie implicite de l’Etat».

Source : FMI