Quelles conditions pour la construction des relations euroméditerranéennes de demain (Partie I-1)

Par : Autres


arabe-27082012-art.jpgQuels
enjeux euroméditerranéens à la lumière des bouleversements profonds suscités par
l’avènement des « printemps arabes » ? Dans l’exposé ci-après, un état des lieux
de la coopération euro-méditerranéenne dans un contexte particulier, celui du
soulèvement des peuples arabes contre des régimes dictatoriaux. L’Union
Européenne
(UE) pourrait-elle apporter de nouvelles réponses aux besoins des
peuples et aux contraintes qui en découlent ? Aussi bien le Processus de
Barcelone, la
Politique Européenne de Voisinage (PEV) que l’Union pour la
Méditerranée
(UPM) ont relativement failli dans la réalisation d’un processus
d’intégration euroméditerranéen réussi. Les soulèvements des peuples arabes
contre leurs oppresseurs ont réveillé les consciences et incité les partenaires
historiques européens à revoir leurs cartes.

L’avènement historique du printemps arabe sur la rive sud de la Méditerranée et
l’accroissement de la crise économique sur la rive nord ont poussé la communauté
euroméditerranéenne, sous la direction de la Commission Européenne (CE), à faire
le bilan des relations entre les deux rives, et à profiter des nouvelles donnes
pour revoir le modèle de coopération adopté jusque-là et l’orienter vers un
partenariat plus équilibré et profitable aussi bien pour les pays du Sud que
ceux du Nord.

La Conférence euroméditerranéenne sur la recherche et l’innovation (Barcelone,
avril 2012) a été le lieu privilégié pour en discuter et pousser la réflexion
vers la mise en place de programmes et de projets qui puissent répondre aux
nouvelles exigences et besoins de la région. Le renforcement des compétences
pour la recherche et l’innovation, la gouvernance, le capital humain et
l’infrastructure de recherche, autant de thématiques qui portent tout leur sens
en cette période cruciale des pays du Sud de la Méditerranée.

Il s’agit en fait de répondre à trois questions inéluctables:

1. Comment rehausser les politiques de recherche et d’innovation dans la région
méditerranéenne (gouvernance de la S & T et réformes institutionnelles…)?

2. Comment résoudre la problématique des Ressources humaines, la formation et la
mobilité, y compris la diaspora?

3. Que faire pour renforcer les infrastructures de recherche et d’innovation?

Une Europe plus forte pour sortir de la crise économique

«Je veux que l’Europe sorte plus forte de la crise économique et financière», a
déclaré José M. Barroso (président de la Commission européenne) dans la préface de l’“Europe 2020“. Il a ajouté: «Il
s’agit de plus d’emplois et d’une vie meilleure… Il faut que l’Europe ait la
capacité de réaliser une croissance intelligente, durable et inclusive, de
trouver les moyens de créer de nouveaux emplois et tracer de nouvelles
orientations plus efficientes pour nos sociétés». Il a en outre rappelé que «La
commission s’est fixé cinq objectifs pour l’année 2020 afin de conduire le
processus de développement qui devrait être adopté aux échelles nationales pour
créer de l’emploi, développer la recherche et l’innovation, lutter contre le
changement climatique et s’approprier de nouvelles énergies, mettre en place un
meilleur enseignement et lutter contre la pauvreté».

Presque simultanément, le
Printemps arabe, amorcé en Tunisie, s’est rapidement
étendu aux pays voisins et au-delà, il a inspiré d’autres mouvements
contestataires. L’exemple le plus édifiant a été celui lancé aux Etats-Unis
contre l’hégémonie des mastodontes de la finance internationale. “Occupy Wall
Street” a été l’écho des mêmes aspirations des peuples du monde à plus de
liberté et à la dignité. Ce fut l’expression de revendications légitimes
exigeant une participation politique plus effective et une croissance inclusive
et durable, capable de fournir des emplois et une vie meilleure. Ces évènements
de grande importance dont le théâtre a été les pays du Sud de la mare nostrum,
conjugués à la crise sans précédent advenue dans ceux du Nord et la dynamique
qu’ils ont suscitée, ont réveillé le monde et ont incité les uns les autres à
s’informer sur ce qui se passe sous des cieux qui ne sont pas les leurs, allant
jusqu’à s’en enquérir par téléphone. Cela a rappelé également à tous et à un
chacun que l’on ne peut plus échapper à la globalisation et que nous partageons
un même avenir dans une petite planète appelée Terre.

Ce nouveau contexte historique qui en vient à accroître les défis auxquels fait
face le monde, comme le changement climatique, la pénurie en énergie et en eau,
les maladies infectieuses et la sécurité alimentaire pour n’en nommer que
quelques-uns, appelle l’UE et les pays méditerranéens du Sud, conjointement, à
fixer ensemble des objectifs ambitieux pour la région euroméditerranéenne.

Il les appelle également à s’engager à répondre à l’aspiration des générations
présentes et futures, au travers d’un nouveau paradigme en matière de
coopération qui va au-delà du partenariat traditionnel.

De fait, la coopération euroméditerranéenne dans le domaine de l’énergie est la
plus révélatrice en la matière. En effet, les deux rives de la Méditerranée sont
très dépendantes l’une de l’autre quand il s’agit de l’approvisionnement en
énergie, et elles le seront d’autant plus lors de la mise en œuvre progressive
du Plan Solaire Méditerranéen (PSM) par l’UPM en tant que programme
macro-régional stratégique de l’énergie renouvelable dans le cadre du Processus
de Barcelone. La mise en œuvre de ce projet transnational nécessitera le plein
engagement des pays membres de l’UPM, la CE, les universités et les instituts de
recherche, les ONG intéressées dans l’espace méditerranéen, ainsi que des
institutions financières publiques et privées.

La dimension régionale et l’importance planétaire de cette entreprise, grâce à
laquelle on réalise des avantages environnementaux considérables, qui a des
répercussions économiques et offre des opportunités technologiques multiples et
sans précédent auparavant ainsi que des avantages sociaux, sont indiscutables.

Toutefois, tout en reconnaissant qu’il va falloir déployer des efforts
supplémentaires pour une mise en application effective des accords conclus entre
les pays des rives Nord et Sud de la Méditerranée, il faudrait également
repenser et reconcevoir les accords de coopération dans un cadre plus
égalitaire, profitable aux uns et aux autres, capable de répondre aux
aspirations des peuples méditerranéens partageant une même destinée et leur
assurer paix, sécurité et prospérité. «Si nous agissons ensemble, nous pouvons
mieux nous battre et sortir de la crise plus forts. Nous avons les moyens et de
nouvelles ambitions. Ce qu’il faut, c’est arriver à les réaliser», conclut
Barroso.

A suivre : “Œuvrer pour un partenariat plus équilibré“ et “Changer de cadre
institutionnel dans un objectif d’efficience“““