évrier 2012 à Lille (Photo : Philippe Huguen) |
[27/08/2012 04:34:10] PARIS (AFP) Alors que les carburants talonnent leurs records du printemps, le gouvernement va tenter d’arracher aux pétroliers un geste sur les tarifs à la pompe, en attendant l’instauration de la “modeste” baisse de taxe qu’il a finalement préférée à un gel des prix.
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a dévoilé mercredi les grandes lignes de son plan contre la flambée des prix à la pompe, optant pour une baisse “modeste” et “provisoire” de taxe.
Une solution plus facile à appliquer mais bien moins radicale que le gel temporaire des prix promis par le président François Hollande avant son élection, mais aussi très coûteuse pour les finances publiques, ce qui a soulevé une vague de critiques au sein de l’opposition.
Mais, avait aussitôt ajouté le Premier ministre, les distributeurs de carburants ne seront pas épargnés et devront fournir “leur propre part d’effort”.
Les détails du dispositif sont attendus dans la foulée des réunions lundi et mardi prochains à Bercy, où le ministre de l’Economie Pierre Moscovici recevra successivement les associations de consommateurs puis les industriels. Entre-temps, M. Ayrault sera lundi au 20H de France 2.
D’après des sources gouvernementales, la baisse de taxe, qui devrait porter sur la TICPE (ex-TIPP, qui représente environ 61 centimes par litre d’essence et 43 centimes pour le gazole) risque d’être limitée à quelques centimes, histoire de ne pas trop léser les finances publiques, en ces temps de disette budgétaire. Le manque à gagner serait tout de même de plusieurs centaines de millions d’euros, sachant que la TICPE a rapporté l’an dernier 25 milliards.
Mais ce coup de pouce aux automobilistes ne pourra entrer en vigueur au plus tôt que fin septembre, car il devra être inclus dans le projet de loi de finances pour 2013, attendu dans un mois.
“Réguler” Or, le gouvernement s’est engagé à agir contre la cherté des carburants avant la rentrée. Dans l’immédiat, il devrait donc demander aux détaillants (pétroliers et groupes de grande distribution) d’accepter de bloquer, voire de diminuer légèrement, les prix à la pompe.
Des négociations qui s’annoncent ardues. Sans surprise, le secteur traîne des pieds, sachant qu’il s’est déjà vu imposer une surtaxe de plus d’un demi-milliard d’euros cette année. Le raffinage bat de l’aile et les stations-service mettent en avant leurs maigres marges (de l’ordre d’un centime par litre, selon les professionnels), bien loin des énormes profits réalisés par Total dans la production de pétrole brut.
La principale organisation pétrolière, l’Ufip (Union française des industries pétrolières), satisfaite d’échapper au gel des prix qu’elle avait farouchement combattu, s’est dite ouverte à la discussion, mais les enseignes de la grande distribution Carrefour, Auchan, Casino et Cora, regroupées au sein de l’Union des importateurs indépendants pétroliers (UIP), se sont montrées beaucoup plus réservées.
Parallèlement, les relevés hebdomadaires des prix à la pompe, qui seront diffusés lundi soir par le ministère de l’Ecologie, devraient maintenir la pression sur le gouvernement. Sauf surprise, gazole et essence resteront tout près de leurs records atteints en mars-avril, les cours du pétrole brut s’étant maintenus à des niveaux très élevés ces derniers jours.
Selon un sondage Ifop pour Sud Ouest Dimanche, une majorité de Français (55%) se dit “plutôt mécontente” de la mesure proposée par le gouvernement et juge que “l’effort financier de l’Etat (n’est) pas suffisant”.
Les réunions à Bercy pourraient également donner lieu à des échanges sur la volonté du gouvernement de “réguler” le prix de l’essence, au-delà de la baisse de taxe.
Le Premier ministre s’est contenté d’évoquer un “mécanisme qui régule le prix des carburants”, tout en écartant le retour d’une taxe “flottante”, qui protégerait les consommateurs en cas d’emballement de l’or noir mais priverait alors l’Etat de milliards d’euros.