Œuvrer pour un partenariat plus équilibré entre les deux rives de la Méditerranée
Le partenariat euro-méditerranéen, ou ce qu’on a pendant longtemps appelé processus de Barcelone, a été inauguré en Novembre 1995. Il a mis en place un large éventail de programmes touchant à la coopération politique, économique et sociale entre les États membres de l’UE et les pays partenaires méditerranéens (PPM). Le processus de Barcelone a offert aux deux partenaires un cadre unique et ambitieux où ils pouvaient œuvrer ensemble à construire un espace méditerranéen, sécurisé, apaisé, assurant le développement économique et garantissant les échanges socioculturels. Ce partenariat a été mis en œuvre par le biais des accords d’association (AA) entre l’UE et les pays méditerranéens partenaires PPM, et un programme d’assistance intitulé (MEDA). Plusieurs évaluations de ce partenariat s’accordent à dire que «le processus de Barcelone a raté son objectif principal : renforcer le dialogue euro-arabe et surmonter les différences entre le Nord et le Sud du bassin …
Trop handicapé par les lourdeurs bureaucratiques, il n’a pas présenté la plate-forme idéale pour les projets et les rêves. L’ambition initiale a peu à peu disparu.»
Alors que la plupart des auteurs s’accordent sur l’échec relatif du processus de Barcelone, leurs explications quant aux raisons de l’échec et ses causes sous-jacentes, sont différentes.
En résumé, trois facteurs distincts expliqueraient le revers de médaille du processus de Barcelone : un d’ordre financier, un autre d’ordre managérial et enfin un autre d’ordre commercial.
L’argument financier ressort que non seulement le budget alloué au processus était en deçà des attentes, mais qu’il a été assuré à un pourcentage très faible. A hauteur de moins de 30% pour MEDA I. En outre, un seul projet visant l’innovation (EUMEDIS) a été financé pour environ 1% du budget total. L’argument managérial relève de la responsabilité des deux parties signataires. Les capacités administratives limitées des pays méditerranéens partenaires qui ne satisfaisaient pas aux exigences européennes et une méconnaissance culturelle du côté de l’UE n’ont pas facilité le processus. Quant à la dimension commerciale, traduite sur le terrain par la zone de libre-échange, eh bien elle a occulté un principe fondamental pour la construction du projet euro-méditerranéen, en niant à l’espace euro-méditerranéen ses dimensions géopolitiques, géoéconomiques et stratégiques. L’élargissement de l’Union européenne et la mondialisation rampante, ainsi que les éléments cités plus haut ont favorisé l’émergence de la politique européenne de voisinage (PEV) depuis 2003. Ce nouveau cadre stratégique a constitué une étape marquante aussi bien à l’échelle quantitative que qualitative pour ce qui est de la coopération Nord-Sud. Il a également incarné la dimension stratégique ambitionnée. L’été 2008 a vu le Processus de Barcelone évoluer vers l’UPM. Cette initiative visait à fournir aux deux rives de la Méditerranée un cadre, une stratégie et des moyens d’action, ce qui leur aurait permis de faire face ensemble aux défis de la mondialisation.
L’avènement du printemps arabe a incité l’UE à en mesurer l’importance historique et reconnaître les conséquences durables d’une profonde transformation sur le peuple euro-méditerranéen, le monde et l’UE en particulier. De nouvelles réponses pour un voisinage en mutation, s’imposaient dès lors. De nouvelles manières de communiquer et des possibilités pour un nouveau cadre d’échanges euro-méditerranéen, dont les objectifs, le modus operandi et la feuille de route sont conçus par la communauté euro-méditerranéenne.
Le Comité de suivi (MoCo) a été mis en place par la CE dans le cadre du Processus de Barcelone. Il vise à promouvoir le développement d’un espace euroméditerranéen pour la science et la technologie en stimulant et en assurant la coopération en recherche et développement technologique (RDT). Pour atteindre cet objectif, MoCo propose, entre autres, des plans d’action pour étendre l’espace européen de la recherche (EER) à toute la région. Il est composé de hauts fonctionnaires représentant les ministres de RDT des Etats membres et des PPM. Il est co-présidé par un représentant du pays assurant la présidence de l’UE et un co-président de la rive Sud.
Depuis 2001, lors de sa 8ème réunion à Stockholm, MoCo a concentré ses activités sur deux objectifs: l’ouverture de l’EER au reste du PPM, et le développement de liens et de synergies dans le cadre du programme MEDA.
Étant donné que le programme MEDA ne comprend pas les activités de RDT, il a fallu l’intervention des ministres des Affaires étrangères. Lors de la Conférence de Naples en 2003, on avait encouragé fortement l’insertion d’une composante RDT dans chaque secteur prioritaire.
En outre, «les ministres ont souligné que le développement de la recherche et de la technologie (RDT) est un outil important pour la stabilité économique et la croissance de tous les pays du pourtour méditerranéen. Ils ont convenu que l’ouverture de l’Espace européen de la recherche à tous les partenaires méditerranéens pouvait renforcer l’intégration régionale dans le court terme et contribuer à la croissance durable, la création d’emplois à haute valeur ajoutée, et la promotion des économies compétitives».
La Déclaration ambitieuse du Caire intitulée “Vers un espace euroméditerranéen de l’enseignement supérieur et de la recherche“, fit l’objet d’un accord interministériel signé en juin 2007 dans la capitale égyptienne.
La Charte euroméditerranéenne pour l’entreprise tente de faire de cette région une vaste zone de libre-échange et de prospérité économique. Parmi ses actions, on trouve:
– l’adaptation des programmes des universités aux besoins des entreprises innovantes,
– l’encouragement des liens entre l’enseignement supérieur, la recherche et l’industrie,
– l’assurance d’un développement rapide de connaissances au service des PPM,
– le renforcement de la participation des entreprises nationales dans les pays riverains de la Méditerranée, celles européennes et internationales dans les programmes de technologie,
– l’encouragement de la participation des entreprises méditerranéennes dans les programmes internationaux de R & D.
La coopération entre l’UE et les PPM comporte une pléthore d’instruments. Parmi ces instruments, nous pouvons énumérer les éléments suivants:
1. Le programmes Tempus, Erasmus Mundus et Marie Curie
2. Le programme-cadre (FP7),
3. Le programme-cadre pour la compétitivité et l’innovation (CIP)
4. Le programme euroméditerranéen de coopération industrielle
5. L’Instrument européen de voisinage et de partenariat (IEVP)
6. Le programme IEVP de coopération transfrontalière (CTF)
7. L’assistance technique et d’échange d’informations (TAIEX)
8. L’instrument de jumelage
9. L’Action de coordination de l’innovation et de la recherche Méditerranéenne (MIRA)
10.Le projet EUROMEDCONNECT
11.Facilité euroméditerranéenne d’investissement et de partenariat de la Banque européenne d’investissement (FEMIP).
Un coup d’œil sur la liste ci-dessus révèle des informations importantes sur la structure de la coopération en matière de RDT entre l’UE et les PPM.
En fait, les onze éléments énumérés ci-dessus couvrent la quasi totalité de ce que pourrait devenir un système régional d’innovation (SRI). Malheureusement, de nombreux obstacles ont empêché l’émergence d’une recherche novatrice cohérente et dynamique capable de contribuer davantage à la croissance et d’assurer plus de bien-être.
Dans ce cadre, nous devons nous attendre à trois obstacles:
1. L’absence d’un cadre intégré et cohérent à l’échelle Euro-méditerranéenne.
2. L’absence d’une utilisation “soft” des connaissances,
3. “Biaisage“ organisationnel favorisant le High-Tech/Publique.
Dans la deuxième partie de cet exposé, nous essayerons d’apporter des réponses sur le quoi et le comment des attentes des peuples des deux rives de la Méditerranée pour une coopération plus cohérente et mutuellement bénéfique.