Douze ans après, le secteur bancaire est de nouveau à la croisée des chemins. Au début des années 2000, des réformes avaient été introduites –transformation de toutes les banques en banques universelles, règlement du problème de petites banques étatiques peu performantes en les cédant à des banques étrangères, et injection de ressources dans les trois plus grandes banques publiques- qui n’ont toutefois pas produit «l’approfondissement financier escompté», selon le dernier rapport du Fonds monétaire internationale (Tunisie : évaluation de la stabilité du système financier).
En effet, «malgré une croissance économique annuelle de près de 5%, l’approfondissement financier a été limité, les progrès dans l’innovation produits et la qualité des services généralement faibles, même si la situation varie d’une banque a une autre», note le rapport.
Le reproche le plus important que le FMI adresse au secteur bancaire tunisien concerne la compétition, selon lui «faussée». Malgré de récents progrès –certaines banques ont, d’après le FMI, été autorisées à mener leurs activités sans se soumettre aux standards de gestion du risque et certaines exigences règlementaires-, «l’existence d’institutions faibles ou non viables capables d’initier de nouvelles opérations est préjudiciable à la compétition, puisqu’elle met la pression sur les prix et des standards de gestion du risque inférieurs», regrette la même source. De ce fait, «la concurrence dans le système bancaire tunisien reste limitée». D’autant que l’entrée d’opérateurs étrangers n’est autorisée qu’à la condition que «les nouvelles banques achètent des institutions accablées à des prix représentant des barrières significatives à l’entrée. Les banques nouvelles n’ont généralement pas été autorisées», regrette le FMI.
Un autre facteur faussant la compétition est, selon le nouveau rapport du FMI la forte implication de l’Etat dans le secteur public. «L’Etat joue un rôle critique directement à travers les banques publiques et, indirectement, par le biais des entreprises publiques, qui sont des clients importants de toutes les banques commerciales». Et le problème réside dans le fait que les banques publiques sont, en cas de besoin, recapitalisées par l’Etat, «mais sans changer la structure de leur gouvernance». Un chantier important dont le lancement est, selon le rapport, entravé par le conflit de mandats à l’œuvre dans les banques publiques.
En effet, alors que «le conseil d’administration et les cadres dirigeants sont supposés servir les actionnaires, y compris les petits porteurs, l’intervention directe de l’Etat dans la direction stratégique et la gestion de ces banques, comme stipulé par la loi, a servi d’autres objectifs, y compris le soutien aux entreprises et organismes publics». D’où la nécessité, observe le FMI, de revoir la loi qui ne facilite pas la tâche des banques commerciales publiques pour édifier une structure de gouvernance efficiente, de réviser les mécanismes de contrôle et de renforcer la gouvernance «en mettant l’accent sur l’indépendance des conseils et des cadres dirigeants».