ût 2012 à Punto Fijo (Photo : Hector Silva) |
[28/08/2012 11:01:45] CARACAS (AFP) La fuite de gaz ayant provoqué une explosion qui a fait 48 morts dans la principale raffinerie pétrolière du Venezuela suscite nombre de critiques sur le manque d’entretien et d’investissement concernant les installations de la compagnie nationale PDVSA.
L’accident, le pire jamais subi par la compagnie d’Etat, a été provoqué par une explosion consécutive à une fuite de gaz survenue pour des raisons inconnues dans la nuit de vendredi à samedi dans la zone de stockage de la raffinerie d’Amuay, située dans l’Etat de Falcon (nord-ouest du Venezuela).
Après l’accident, le président Hugo Chavez a ordonné l’ouverture d’une enquête sur les causes de la fuite de gaz.
Pour l’économiste Rafael Quiroz, ce qui retient l’attention est le fait que l’accident soit survenu dans la zone de stockage alors que l’emplacement “où il y a le plus de risques dans une raffinerie est (normalement) celui de la production”.
ésident vénézuélien Hugo Chavez observe le feu dans la principale raffinerie du pays le 27 août 2012 à Punto Fijo |
“Il n’y a aucun doute sur le fait qu’il y a eu un dysfonctionnement, au moins du système de sécurité indistrielle. Une faute humaine ou technique a certainement été commise, ce qui révèle une certaine incompétence ou manque d’efficacité”, estime l’universaitaire.
Des précédents
Les cinq raffineries vénézuéliennes “n’ont pas reçu l’investissement nécessaire. Il y a eu une certaine négligence dans les dépenses en maintenance, l’accident pourrait en résulter”, affirme-t-il.
Jesus Luongo, responsable du raffinage de PDVSA, répond de son côté que la compagnie d’Etat respecte “un programme rigoureux de maitenance” et avait consenti un investissement “supérieur à 6 milliards de dollars ces trois dernières années pour le circuit de raffinage” de ses installations.
Des déclarations qui n’apportent pas “de réponse à une explosion d’une telle ampleur”, considère toutefois Heliodoro Quintero, député de l’opposition et ancien ambassadeur du pays auprès de l’Opep entre 1995 et 2000.
ésident vénézuélien Hugo Chavez parle avec un habitant, près de la raffinerie Amuay, à Punto Fijo le 26 août 2012 |
“Le manque de maintenance, d’investissement et de conditions de sécurité affectent toute l’infrastructure industrielle” du Venezuela, assure-t-il, rappelant les précédents accidents enregistrés dans les raffineries ces dernières années.
La PDVSA ne fournit pas de bilan global des incidents rencontrés sur ses installations. La page web de l’entreprise mentionne simplement deux incendies en 2009 (un mort) et 2011, déjà à Amuay.
19 travailleurs tués et 67 blessés depuis 2003
Mais pour Les Hommes du pétrole, une ONG formée par les anciens employés de la PDVSA, la compagnie a enregistré 79 accidents graves, ayant fait “19 travailleurs tués et 67 blessés” depuis 2003.
Plusieurs experts comme M. Quintero estiment également que la compagnie souffre d’un “déficit de personnel qualifié”, notamment depuis le renvoi de milliers d’employés qui avaient fait grève contre le gouvernement de gauche radicale de M. Chavez entre décembre 2002 et février 2003.
Aujourd’hui, estiment les observateurs, les revenus de la PDVSA sont en grande partie investis dans les programmes sociaux du gouvernement. La compagnie “a désormais d’autres intérêts, obéir aux ordres du gouvernement est ce qui prévaut désormais”, estime Diego Gonzalez, président du think tank Centre d’orientation en énargie.
Selon son dernier bilan annuel, la PDVSA a enregistré un chiffre d’affaires de 124,75 milliards en 2010, et consacré 39,604 milliards au “développement social” du pays cher au président Chavez (au pouvoir depuis 1999), ne laissant que 17,5 milliards pour ses activités.
Le Venezuela est le cinquième exportateur de pétrole au monde. En 2011, l’Opep a certifié que le Venezuela détenait les plus importantes réserves pétrolières du monde, avec 296,5 milliards de barils, devant l’Arabie saoudite.