Les Nahdhaouis ne se sont pas fait attendre dès que le Ramadan s’est éloigné pour déclarer la guerre ouverte sous différentes formes contre ce que le parti de Rached Ghannouchi considère comme l’ennemi public N°1 des islamistes, en l’occurrence les médias tunisiens, tous de gauche ou tous des contrerévolutionnaires ou encore des «azlem» (intraduisible mais voulant dire des pions) de l’ancien régime au choix…
De toutes les façons, les islamistes au pouvoir ne sont pas arrivés au bout de 8 mois de créer un rapport serein avec les médias tunisiens libérés de la peur de 50 ans de dictature et farouchement jaloux de leur liberté retrouvée au point d’en faire le seul vrai acquis tangible de la révolution du 14 janvier!
Devant les difficultés que l’équipe au pouvoir rencontre sur le terrain, comme nous l’avons vu récemment à Sidi Bouzid ou encore à El Hencha (à Sfax) le week-end dernier, la première réaction des ministres accusés est d’incriminer les journalistes, comme ils ont pris l’habitude de le faire depuis le début du mois de janvier, au moment où ils venaient juste d’arriver dans leurs ministères!
En plus du lancement des hordes «insultantes» sur les réseaux sociaux, ils utilisent tous les moyens qu’ils peuvent pour essayer de minimiser les flots de critiques qui les assiègent à chacune de leurs sorties. L’ennui c’est qu’ils se sont révélés des us dans les décisions controversées, particulièrement dans le domaine des médias, et ils n’arrêtent pas d’en faire la preuve. Car, comment peut-on expliquer leur entêtement à vouloir imposer Lotfi Touati à la tête de Dar Essabah ou encore Imen Bahroun à la tête de la Télévision, par exemple, tandis que tous les deux ont des histoires pas nettes avec Ben Ali et Abdelwahab Abdallah, et surtout qu’il y a d’autres personnes qui n’ont pas ce handicap et ne sont pas notoirement anti-islamistes dans les deux entreprises citées.
Ensuite vient le mandat de dépôt lancé contre Sami Fehri! Beaucoup, à l’époque, ont trouvé pas très clair que la classe politique tunisienne se précipite à cette télé de Sami Fehri qui était ce qu’il était sous Ben Ali et qu’un peu de décence exigeait au moins de la retenue. Sauf que les premiers à garnir les plateaux d’Ettounssia TV étaient les nahdhaouis et les amis de Marzouki du CPR. Voilà que le mec devient aujourd’hui un pestiféré et voilà qu’il est accusé de tous les maux simplement en 24 heures chrono. C’est à y perdre son latin, pardon sens d’orientation!
Pourquoi le gouvernement, à travers le ministre de la Justice, permet-il ce genre d’affaire? A-t-il vraiment besoin d’une telle publicité sur la scène nationale voire internationale? Comment se fait-il que Sami Fehri soit sous mandat de dépôt et pas les autres accusés dans cette affaire qui oppose la Télévision tunisienne à la Société Cactus Prod? Qui est en train de faire circuler des fausses informations sur la fuite de Sami Fehri tandis que ses avocats déclarent qu’il est en Tunisie?
Vient ensuite le fameux conseiller de M. Jebali, Lotfi Zitoun, qui ne cesse de vilipender les journaux et les journalistes et qui serait fondateur d’une société de télévision dévolue à sa femme en Grande-Bretagne, affaire révélée par nos confrères de Business News lesquels ont été tout de suite accusés de tous les maux par Zitoun, pas fair play pour un sous! (Halal pour vous, illicite pour nous) comme dit le proverbe tunisien.
La bataille entre les Nahdhaouis et les médias ne se calmera pas de sitôt car en fait, c’est l’autre face d’une bataille cachée entre Ennahdha et la société tunisienne ou au moins la partie de cette société hostile à la vision des islamistes et qui continuera à faire barrage sur tous les fronts, et particulièrement celui de l’information puisque celle-ci est le fer de lance de toute société démocratique!