L’Institut National de la consommation “INC“ entreprend une vaste campagne “d’éducation commerciale des masses’’. Ses messages parviennent par SMS. Ils sont courts et explicites. Le mode de contact est direct. Appeler à consommer mieux, produit un écho chez le consommateur. Appeler à consommer moins, fausse le message, dans une société conditionnée au «Toujours Plus».
L’institut National de la Consommation procède à des campagnes de sensibilisation des consommateurs en vue de les amener à rationaliser leurs achats. Ces campagnes sont menées lors des occasions de «fièvre acheteuse». C’est notamment le cas, cet été, de même que du mois de ramadan ainsi que de la rentrée scolaire. A ces occasions, le portemonnaie du tunisien est fortement sollicité. A ces moments, l’INC choisit d’entrer dans la danse.
La finalité de ses interventions est de préserver le pouvoir d’achat du Tunisien. Il s’agit d’appeler à contenir la frénésie des achats pour vanter les achats utiles et pour apprendre à acheter «malin». Mais peut-on se demander, quels échos à ces campagnes?
Le «One to One» : contact direct avec la cible
L’INC a opté pour le SMS. C’est semble-t-il moins coûteux que les campagnes publicitaires sur medias traditionnels, à savoir radio, télé et journaux. Le message sur portable, n’est pas une bouteille à la mer. A coup sûr, il parvient à son destinataire. L’avantage est que le destinataire le lit. Et, en le lisant, on découvre son contenu. On le mémorise, donc. Et puis comme chaque message annonce le suivant, on suscite la curiosité. Le destinataire est donc tenu en haleine.
Par ailleurs, étant étalés dans le temps le consommateur a le temps d’assimiler les messages, enfin de «digérer» la campagne dans son ensemble. Ce mode de contact par SMS capte l’attention et permet de toucher le plus gros du bataillon. Le message du mode «One to One» est, à la vérité, efficace.
Faire connaître les droits fondamentaux du consommateur
L’INC, à coup sûr, répand la bonne parole. Il rappelle les droits fondamentaux des consommateurs. Considérant que les producteurs et les distributeurs sont organisés, l’Institut pense à armer le consommateur en lui enseignant ses droits. En soi, c’est déjà une première parade. La loi tunisienne en prévoit huit. Il y a, notamment, le droit de choisir, celui d’être informé, de même que celui d’être entendu. Le consommateur a aussi le droit à la sécurité et à la réparation, connu plus couramment par le SAV (Service après-vente). En entrant dans un magasin, le consommateur doit trouver des étiquettes pour chaque produit de sorte à être fixé avant d’acheter pour savoir ce qu’il lui en coûte.
Faire connaître ses droits au consommateur suffit-il à le protéger totalement? Est-ce qu’il ne faut pas faire un effort supplémentaire pour lui montrer ce que sont ses recours contre les producteurs et les distributeurs?
La campagne bien ciblée. Formaliste, elle est presque sans effets
L’Institut a fait une partie du travail. Il lève le drap sur les questions épineuses en appelant l’attention des consommateurs sur leurs droits. Il faudrait, dans un deuxième temps, leur indiquer leurs recours. L’absence d’affichage ne se rencontre pas que chez le marchand du quartier ou le petit forain.
Dans la grande distribution sur le mètre linéaire, les prix, bien des fois, ne sont pas indiqués. Pourquoi donc ne pas exiger de la grande distribution de multiplier les bornes de lecture des codes à barre qui indiquent le prix de la marchandise? Cela ferait avancer les choses. Pareil pour le droit de choisir. La garniture du mètre linéaire n’est pas standard. Les marques placées à hauteur de vue des consommateurs partent plus vite que celles placées en bas.
Notre propos n’est pas de discuter, point par point, tous les «pièges» du commerce, qui nous sont familiers. Notre intention est de faire que le consommateur puisse jouir le plus possible de ses droits. L’en informer, l’habilite à acheter mieux. C’est certain. L’appeler, par mesure de rationalité, à acheter moins, pour seule parade aux manquements des commerçants à leurs obligations, ce n’est pas la réponse juste.
En effet, cette attitude détourne le débat. On nous a souvent répété, de-ci de-là, en plein mois de Ramadan, que pour lutter contre la vie chère, il fallait renoncer à acheter. La société de consommation fonctionne au réflexe du «toujours, plus». L’abstinence n’est pas la solution idoine. Le consommateur pense, pour sa part, qu’il faut améliorer son pouvoir d’achat.