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Les guerres sont très coûteuses. Ce qui expliquerait sans doute pourquoi il s’agit aujourd’hui d’appliquer une stratégie afin de mieux gérer leur financement. Analyse.
Et si c’était pour des motifs strictement économiques que les pays comme les Etats-Unis d’Amérique et ceux de l’OTAN auraient totalement changé de stratégie guerrière. Les Américains, notamment, auraient beaucoup réfléchi afin que les conflits qu’ils alimentent soient les moins coûteux possible. La guerre contre l’Irak, en 2003, aurait constitué un tournant en la matière. Et les guerres en Libye et en Syrie constitueraient une expérience extraordinaire pour assurer l’application de cette nouvelle stratégie en deux axes. C’est du moins ce que l’on pourrait comprendre à travers l’émission «Les faces cachées de l’économie» programmée, le mardi 28 août 2012, par la chaîne française destinée à l’étranger, France 24. Celle-ci a invité l’expert égyptien en matière de stratégie militaire, Talaât Mousalem. Qui a rappelé les recommandations faites par le président Barak Obama, en janvier 2012, aux responsables du Pentagone -le ministère américain de la Défense-, au sujet de l’austérité que devrait adopter ces derniers.
On pourrait penser à l’appui de cette thèse que cette stratégie est fondée sur deux axes. Premier axe: engager la participation de ses alliés à l’effort de guerre. Ainsi, les pays de l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) ont invité les militaires qataris et émiratis à intervenir en Libye pour minimiser les frais de la guerre. Cet effort n’a pas été seulement au niveau de l’engagement des armées. Qui n’est pas déjà mince: le largage d’une seule bombe aurait coûté entre 250.000 et 300.000 euros (presque le double en dinars). Mais également au niveau du financement du recrutement et de la formation des rebelles. Dans le cas syrien, il fallait souvent assurer le transport de miliciens de contrées très éloignées d’Afrique et leur passage à partir du territoire turc en Syrie.
Une sorte de procuration
Deuxième axe: faire la guerre par les autres. Une sorte de procuration. Ainsi, les rebelles recrutés, formés et payés par les pays engagés dans la guerre contre le régime dictatorial syrien agissent en lieu et place des soldats de ces pays. Ce sont, du reste, en partie, des étrangers qui font fait la guerre aux régimes contestés. Cela coûte moins cher que d’engager les soldats «nationaux». Avec ce que cela peut coûter en indemnités en cas de décès et même d’handicaps pour les blessés. Sans compter les frais de mobilisation et d’entretien de ses propres armées.
Dans ce même ordre d’idées, le recours à des mercenaires européens et américains serait courant. Exemple: la milice des Blackwater ne cesse de grossir pour atteindre aujourd’hui quelque 25.000 personnes. Celle-ci, qui a défrayé la critique en Irak, en 2004, aurait servi dans une dizaine de pays: elle aurait participé à des opérations, dont de formation, sur le continent asiatique et même sur le sol américain.
On comprend bien que les pays qui ont engagé réellement les hostilités et leurs alliés jouent un rôle de soutien logistique de premier plan qui se résume dans trois directions: la fourniture d’armes, la formation des insurgés et la fourniture de renseignements. Dans ce cadre, ils envoient régulièrement des instructeurs pour apprendre aux rebelles le maniement des armes. Comme ils mobilisent un matériel sophistiqué d’observation –et pas seulement les satellites- du mouvement des troupes régulières ennemies afin de mieux cibler les attaques des rebelles.
De nombreuses informations ont, par exemple, circulé sur le rôle joué par les armées de l’OTAN dans la localisation du dictateur Mouammar Kadhafi lors de sa fuite, le 20 octobre 2011, facilitant sa capture et son lynchage.