à son procès, le 31 août 2012 à Londres (Photo : Andrew Cowie) |
[31/08/2012 10:15:23] LONDRES (AFP) Boris Berezovski a été débouté vendredi à Londres contre Roman Abramovitch, dans un procès où le premier de ces oligarques russes réclamait au second plus de cinq milliards de dollars (4 milliards d’euros) de compensation dans le cadre d’une relation d’affaires passée.
Le procès s’était déroulé du 3 octobre 2011 au 20 janvier dernier.
La juge Elizabeth Gloster, dont la lecture du jugement devait prendre plus d’une heure, a estimé d’emblée qu’elle considérait dans cette affaire M. Abramovitch comme un témoin “honnête et digne de confiance”, et elle a rejeté les prétentions de M. Berezovski “dans leur totalité”.
M. Berezovski, 66 ans, aujourd’hui opposant déclaré au Kremlin et qui s’est exilé en 2000 dans la capitale britannique car il craignait pour sa vie, accusait son ancien associé, – dont le rôle le plus en vue est d’être propriétaire du club de football de Chelsea, vainqueur cette année de la Ligue des Champions -, de l’avoir contraint, par des “menaces” et des “intimidations”, à vendre en 2001 sa part dans le groupe pétrolier russe Sibneft pour 1,3 milliards de dollars, une fraction selon lui de leur véritable valeur.
Selon M. Berezovski, M. Abramovitch, 45 ans, l’avait notamment averti que les titres seraient saisis par le Kremlin s’il ne les vendait pas.
à son procès, le 31 août 2012 à Londres (Photo : Andrew Cowie) |
Les deux hommes avaient travaillé ensemble pour acquérir Sibneft en 1995 et étaient devenus amis. Tous deux avaient entretenu d’excellentes relations avec le pouvoir, au temps du président Boris Eltsine. Mais M. Berezovski est tombé en disgrâce sous Vladimir Poutine.
“M. Abramovitch a montré que l’influence et l’argent étaient plus importants à ses yeux que l’amitié et la loyauté, ce qui l’a conduit à aller jusqu’à renier avoir été ami avec M. Berezovski”, avait souligné lors du procès Laurence Rabinowitz, l’avocat de ce dernier.
Les avocats du patron de Chelsea avaient réfuté ces allégations, assurant que les motivations de M. Berezovski étaient “ouvertement politiques” et faisaient partie d’une “campagne” contre les dirigeants actuels en Russie.
Ils avaient aussi suggéré que l’affaire soit jugée en Russie, où M. Abramovitch, actuellement 68ème fortune mondiale avec 12,1 milliards de dollars, n’a pour sa part pas de mauvaises relations avec le Kremlin.
Lors du procès, M. Abramovitch, ne s’exprimant qu’en russe contrairement au plaignant, avait affirmé que M. Berezovski n’avait en fait jamais possédé de part dans Sibneft, dont le géant russe de l’énergie Gazprom avait acquis en 2005 73% pour 13,1 milliards de dollars, et que la somme de 1,3 milliard de dollars versée en 2001 l’avait été en guise de “reconnaissance de son aide politique et de sa protection” lors de la création de l’entreprise.
Le procès avait été haut en couleur avec les deux milliardaires, entourés d’avocats britanniques éminents, arrivant au procès avec leurs gardes du corps respectifs. Les audiences avaient permis de mettre en lumière le train de vie luxueux des deux hommes, dont la presse avait alors comparé les fortunes gigantesques, les yachts imposants et les conquêtes féminines.
Il avait servi de rétroviseur également aux moeurs commerciales étonnantes qui avaient régné après l’effondrement de l’URSS, lorsque les principaux actifs du pays avaient été démantelés et vendus à des hommes d’affaires.