C’est
une fin d’été impossible à imaginer ailleurs qu’en Tunisie, «le doux pays de la
Révolution du jasmin» comme l’appellent nos ancêtres les Gaulois! Un pays où le
président de la République -ou celui qui en fait office- attaque son partenaire
au gouvernement dans un discours public, et où le ministre de l‘Intérieur
rétorque en évoquant les dossiers secrets du président! La joie!
Pour le président de la République, le parti majoritaire, Ennahdha de son vrai
nom, est en train de se comporter comme feu le RCD en accaparant tous les
leviers du pouvoir et en ne tenant compte de personne et surtout pas de ses
partenaires dans la Troïka au pouvoir. C’est sûrement vrai, et c’est ce que
l’opposition n’a cessé de claironner sur tous les fronts, sauf que pendant ce
temps là, M. Marzouki s’occupait de faire visiter le palais aux enfants ou de
faire libérer les oiseaux de leur cage. Maintenant c’est un peu trop tard!
Cet été est un été mémorable, avec la chaleur qu’on eu au Ramadan, les hausses
des prix et les baisses du moral partout dans le pays, nous voilà avec les
brigades salafistes qui se réveillent et qui attaquent partout où elles veillent
le faire, et même contre des étrangers … Ensuite, la Justice «indépendante» que
nous avons trouvée le moyen de libérer les agresseurs salafistes de la nuit du
16 août à Bizerte… Les pauvres, ils n’ont rien fait de mal sauf à avoir bastonné
des militants qui ont cru que la Tunisie est devenue un pays démocratique! Ces
mêmes salafistes n’ont pas épargné les nahdhaouis eux-mêmes quand il le faut,
comme ça s’est passé à Ghardimaou et Zarzis! Vive la Révolution!
C’est un été mémorable en Tunisie! Le gouvernement issu des élections du 23
octobre, elles-mêmes issues d’une révolution qui a dégommé 23 ans de dictature,
ce gouvernement qui n’a que le mot légitimité à la bouche, trouve le moyen de
nommer deux journalistes connus pour leur accointance avec le régime de Ben Ali
à la tête de la radio et la télévision tunisienne, et à la tête d’un des plus
grands et historiques quotidiens du pays! Il faut le faire et ils l’ont fait!
De toutes les façons, il faut bien croire que tout ce beau monde des partis au
pouvoir a commencé tôt sa campagne électorale de l’année prochaine… Marzouki, en
sortant contre les Nahdhaouis, croient bien faire et pense surtout au poste de
président lors des prochaines élections qu’il pense pouvoir gagner en
critiquant, même un peu tardivement, sans l’apport des Nahdhaouis. Ben Jaafar
s’enfonce chaque jour un peu plus pour le parti de Rached Ghannouchi en pensant,
de son côté, ne pas pouvoir gagner le poste de président sans la baraka du
Cheikh et de son parti. Rached Ghannouchi, pendant ce temps-là, cherche surtout
comment tuer BCE –pour Béji Caïd Essebsi- dans l’œuf à travers la guerre
déclarée contre Nida Tounès, car il pense ne pas pouvoir gouverner tranquille
avec ces opposants-là à ses trousses!
Si ce n’est pas un été mémorable ça en Tunisie!