Le naufrage du Crédit immobilier de France ne remet pas en cause la solidité du système

photo_1346690998053-1-1.jpg
édit immobilier de France à Paris, le 2 septembre 2012 (Photo : Jacques Demarthon)

[03/09/2012 16:56:15] PARIS (AFP) Le naufrage du Crédit immobilier de France, sauvé ce week-end par l’Etat, ne remet pas en cause la solidité du système financier français, assurent les experts interrogés par l’AFP, qui pointent du doigt le modèle économique du CIF pour expliquer ses difficultés.

En annonçant samedi soir qu’il accordait sa garantie financière au CIF, l’Etat est intervenu in extremis pour éviter la faillite de cet établissement spécialisé dans les prêts immobiliers aux particuliers et lié au mouvement HLM.

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault s’est voulu rassurant dimanche en affirmant que le système financier français était “globalement solide”. Mais il a également parlé d'”un certain nombre de banques ou d’établissements qui posent problème”, sans préciser s’il faisait allusion à d’autres cas hormis ceux du CIF et de Dexia, la banque franco-belge secourue fin 2011.

Un cas “isolé”

Interrogé par l’AFP, un analyste du secteur bancaire ayant requis l’anonymat a abondé dans son sens, en affirmant que le système bancaire française était plus solide que celui de ses voisins et qu’il présentait moins de risques.

Il a souligné que les crédits immobiliers contractés en France étaient majoritairement à taux fixe, ce qui protège les ménages de fluctuations importantes, et que des vérifications étaient faites pour s’assurer de la solvabilité des emprunteurs, ce qui est censé limiter le risque d’impayés.

Le cas du Crédit immobilier de France reste “isolé”, a fait valoir à l’AFP une source bancaire. Cet établissement présente la particularité de se financer uniquement sur les marchés puisqu’il ne collecte pas de dépôts.

Il est donc très dépendant de la notation que lui accordent les agences de notation et son récent abaissement par Moody’s lui avait donc porté un terrible coup.

Un modèle condamné par la crise

Depuis plusieurs mois, le modèle économique du CIF était ciblé par l’Autorité de contrôle prudentiel (ACP), régulateur des banques. D’autant que Northern Rock, qui fonctionnait de la même manière, avait dû être secourure dès 2007 par la Grande-Bretagne.

Le président de l’ACP, Christian Noyer, par ailleurs gouverneur de la Banque de France, avait ainsi estimé en mai que le Crédit immobilier de France reposait sur “un +business model+ (modèle d’activité, ndlr)) qui est difficile à gérer”.

“C’est un cas particulier car le CIF est concentré sur un seul métier, peu rémunérateur, et son modèle est condamné par la crise et les nouvelles normes”, a renchéri auprès de l’AFP une source gouvernementale.

Le nouveau cadre réglementaire, qui entrera en vigueur à partir de 2013, incite en effet les banques à se lancer dans une course aux dépôts et à limiter leur dépendance aux marchés. “On aurait pu chercher un repreneur mais ça n’a pas marché”, a ajouté la source gouvernementale.

Depuis plusieurs mois, le CIF cherchait en effet une banque disposant de dépôts à laquelle s’adosser et avait mandaté pour cela HSBC. La Banque Postale faisait figure de favorite mais n’avait pas déposé d’offre.

D’autres, en revanche, se montrent plus pessimistes sur le système financier français, à l’image de Serge Maître, secrétaire général de l’Association française des usagers des banques (Afub), pour qui il existe clairement des “éléments de fragilité” dans les banques du pays.

“La déclaration de M. Ayrault est un geste fort en direction des marchés financiers. Mais le fait que le Premier ministre intervienne montre bien qu’il y a besoin de rassurer les marchés. Et on n’a pas besoin de rassurer quand tout va bien”, souligne-t-il, dénonçant une “méthode Coué” aux implications dangereuses.