“Cloud” français : le consortium Bull-SFR dégaine et prend de vitesse Thales-Orange

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à la Défense, près de Paris, en juillet 2012 (Photo : Loic Venance)

[05/09/2012 06:27:41] PARIS (AFP) Le consortium Bull/SFR a pris de vitesse l’alliance concurrente Orange/Thales en annonçant mercredi le lancement commercial de son offre d’informatique “en nuage”, baptisée Numergy, qui propose de stocker en France les données informatiques sensibles nationales.

“Nous sommes prêts, et si on est les premiers tant mieux”, a déclaré à l’AFP Pierre Barnabé, directeur général de SFR Business Team.

“Le marché demandait une action rapidement. On a mené cette affaire tambour battant, notre première réunion de travail ensemble remonte seulement au weekend de Pâques”, a renchéri le PDG de Bull, Philippe Vannier.

Alors que les géants informatiques Cisco, IBM, Microsoft, Google ou Amazon investissent depuis des années des milliards de dollars dans le “cloud”, l’émergence simultanée de deux projets français, garantissant un stockage des données sur le sol national, s’est faite au forceps.

Défection de Dassault Systèmes

Un projet initial, baptisé “Andromède”, avait capoté en décembre 2011 suite à la défection d’un membre fondateur du consortium, Dassault Systèmes, parti fonder un projet concurrent avec l’opérateur SFR avant de jeter l’éponge.

L’Etat, qui devait au départ injecter 135 millions dans “Andromède”, a finalement décidé en mai de financer à parts égales (75 millions) le projet porté par Orange/Thales, et celui monté par SFR (Vivendi) avec Bull.

“Il y un vrai besoin, les entreprises et les grands organismes souhaitent véritablement avoir des usines à énergie numérique basées en France et en Europe, capables de fournir une alternative aux géants comme Amazon”, résume Pierre Barnabé.

L’informatique “en nuage” ou “cloud computing” permet de gérer à travers le web des données informatiques stockées dans des serveurs distants.

225 millions d’euros investis

La nouvelle société Numergy est détenue à 47% par SFR (filiale de téléphonie du groupe Vivendi), à 20% par Bull et à 33% par la Caisse des dépôts et consignations, via le FSN (Fonds national pour la société numérique).

Le projet représente un investissement de 225 millions d’euros et prévoit la création directe d’environ 400 nouveaux emplois d’ici quatre ans. Philippe Tavernier, 51 ans, un ancien responsable de Sogeti (Capgemini) a été nommé vendredi président de la société par son conseil de surveillance.

La première offre commerciale de proposée mercredi par Numergy “est vouée à être enrichie”, avec “l’ambition d’adresser plusieurs segments de marché”, a indiqué M. Barnabé.

“Les données seront stockées strictement en France, dans des datacenters basés sur le territoire. L’objectif de Numergy est de faire en sorte que l’essentiel des datacenters soient basés en France, mais nous avons aussi engagés des discussions avec des partenaires en Europe”, a-t-il déclaré.

Cette localisation française ou européenne des données “a trait à rassurer nos clients, que ce soit des grands groupes, des PME ou des administrations”, a ajouté le responsable de SFR.

Philippe Vannier, PDG de Bull, met en avant l’importance de “la notion de proximité des données par rapport aux clients”.

“Nous ne voulons pas stigmatiser les Américains, mais quand on est une entreprise qui a une R&D française ou européenne et qu’on développe de l’innovation, on a envie de s’assurer que la législation qui protège l’ensemble de ces données correspond à la législation du droit social de l’entreprise”, a renchéri Pierre Barnabé.

Numergy “va aussi permettre à nos clients de faire des économies de fonctionnement”, a ajouté Philippe Vannier.