Comment faire profiter l’administration tunisienne des meilleures compétences

Par : Autres

administration-080912.jpgLors de son intervention à l’ouverture du congrès du CPR (Congrès pour la République), le président de la République, Moncef Marzouki, a accusé Ennahdha de nommer les hauts cadres de l’administration en se basant sur l’allégeance et non sur les compétences.

Trois semaines plus tôt à l’ANC, Ali Larayedh, ministre de l’Intérieur, avait annoncé que «chaque poste doit être pourvu des meilleures compétences», avis que je ne peux que partager comme tout Tunisien patriote, car ce n’est que de cette façon que notre pays pourra tirer un maximum de profit de ses compétences, qu’il réussira sa transition démocratique et qu’il assurera son développement socioéconomique pour assurer le plein emploi et l’éradication de la pauvreté.

Cependant, il est important de mettre en place les outils nécessaires pour atteindre cet objectif et pouvoir identifier les bonnes compétences en fonction du poste concerné, car, dans les méthodes de recrutement classique, que ce soit pour une entreprise ou pour l’administration, l’identification d’une compétence pour occuper un poste se fait soit en cherchant parmi les personnes gravitant autour du poste à combler, soit en demandant l’aide des personnes de son entourage à travers ses connaissances ou celles de son entourage. Même si la compétence retenue est la meilleure parmi celles qui ont été identifiées, son niveau de compétence sera fonction du réseau utilisé et resteront généralement limitées par rapport à une recherche plus large, voire nationale.

C’est justement pour augmenter leurs chances d’avoir des candidats compétents que certains iront jusqu’à publier un avis de recrutement dans le journal ou feront recours aux services d’un cabinet spécialisé.

Ainsi, la méthode d’identification de la ressource idoine pourra être améliorée par le recours aux appels à candidatures et c’est justement cette méthode qui est ici recommandée.

Ainsi, le recrutement des hauts fonctionnaires (PDG d’entreprises publiques, directeurs et directeurs généraux de l’Administration,…) devrait être effectué sur la base d’un appel à candidature. Ceci permettra d’élargir le cercle des candidats potentiels au-delà des relations et connaissances des personnes qui ont en charge cette nomination, et de pouvoir ainsi avoir des candidats qui puissent être plus compétents. Cette méthode est appliquée par nombre de pays africains, dont Madagascar et la Côte d’Ivoire, où des appels à candidatures sont ouverts pour les postes de responsabilité.

Pour plus d’efficacité, ces appels à candidature devraient être ouverts aux candidats du secteur privé, sans limite d’âge, ce qui d’ailleurs est autorisé par la loi, et qui permettrait d’avoir plus de candidats potentiels donc plus de chances d’avoir le meilleur profil de candidat et permettre à la Tunisie de bénéficier et de tirer profit au mieux de ses compétences. Ces hauts cadres seront recrutés pour une durée déterminée (3 à 5 ans), renouvelables, mais au cours de laquelle ils ne pourront être démis de leur fonction qu’en cas de faute grave.

Un site web serait développé pour ce besoin spécifique, site web sur lequel paraîtront les appels à candidatures et par le biais duquel sera assurée la transparence du processus de sélection. Une fois les candidatures reçues, celles-ci seront passées au crible par un jury intelligemment sélectionné qui, après étude des CV, auditionnera les candidats et s’assurera de l’adéquation de leur vision avec le poste pour lequel ils présentent leurs candidatures.

Si l’Administration se doit d’être neutre et ses recrutements basés sur la compétence et non sur les affiliations et orientations politiques, il est normal que le choix des ministres soit basé sur des considérations politiques en plus de considérations de compétences. Cependant, l’équipe de conseillers entourant le ministre doit être à la fois politique et technique, et c’est justement pour cela que, dans certains pays africains, le cabinet du ministre est composé de conseillers politiques et de conseillers techniques. Les conseillers politiques viennent et partent avec le ministre alors que les conseillers techniques sont des membres permanents qui assurent une certaine continuité. Il en est de même du secrétaire général du ministère qui occupe un poste purement administratif et qui ne change pas avec le ministre alors que le chef de cabinet a plutôt un rôle politique et peut changer d’un gouvernement à l’autre.

Dans le même sens, par extrapolation, et tout en convenant que le choix d’un ministre est strictement politique alors que l’Administration, elle, se doit être citoyenne et loin de toute considération politique, il serait fort édifiant de faire passer ce ministre devant un grand Jury qui s’assurera de la compétence, de la vision et de la politique qu’il envisage de mettre en œuvre à l’instar de ce qui se fait aux Etats-Unis, par exemple.

Ce jury pourra aussi, en même temps, s’assurer de l’absence de conflits d’intérêt. Ceci permettra d’éviter les erreurs de casting qui risquent de se transformer en crises ou démissions de membres du gouvernement comme cela a été récemment le cas dans notre pays.