Poutine place Gazprom sous sa protection au nom des intérêts “stratégiques”

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à Vladivostok (Photo : Alexander Nemenov)

[11/09/2012 19:01:55] MOSCOU (AFP) Le président Vladimir Poutine a placé sous le contrôle et la protection de l’Etat les entreprises russes “stratégiques” opérant à l’étranger dans un décret mardi, une semaine exactement après que la Commission européenne a annoncé l’ouverture d’une enquête contre Gazprom.

Aux termes de ce décret, la communication d’informations sur les activités de ces entreprises est soumise à l’accord du pouvoir exécutif lorsque celles-ci sont “exigées par les services de pays étrangers, des organisations internationales, des unions de pays étrangers”.

Un porte-parole de Gazprom, Sergueï Kouprianov, a clairement fait le lien avec la procédure engagée contre le groupe gazier par la Commission européenne.

“Comme l’indique le décret, Gazprom ne fournira désormais d’informations sur ses activités, ou de réductions de prix, qu’après accord préalable avec les autorités compétentes, comme pour toute autre modification tarifaire”, a-t-il déclaré, cité par l’agence Ria Novosti.

“Ce n’est plus la peine de s’adresser à nous”, pour des réductions de prix, a de son côté renchéri le patron de Gazprom, Alexeï Miller, selon l’agence Interfax.

Le décret soumet à l’autorisation du pouvoir la modification d’accords passés par des entreprises “stratégiques” avec des partenaires à l’étranger “et tous autres documents concernant leur politique commerciale (tarifaire) dans des pays étrangers”.

Il soumet aussi à autorisation de l’Etat russe toute cession de parts détenues par ces entreprises dans des sociétés étrangères, de droits dans des activités commerciales à l’étranger ou de biens immobiliers à l’étranger.

Le pouvoir russe refusera d’avaliser de telles mesures si elles sont “de nature à porter préjudice aux intérêts économiques de la Fédération de Russie”, ajoute le décret.

Ce décret est publié alors que la Commission européenne a annoncé la semaine dernière avoir ouvert une enquête formelle contre Gazprom, qu’elle soupçonne notamment d’entrave à la concurrence et de manipulation des prix dans plusieurs pays d’Europe centrale et orientale, membres de l’UE, très dépendants des livraisons de gaz russe.

Les pays concernés sont la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie, la Bulgarie, la Hongrie, la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie.

Le président Vladimir Poutine a indiqué mardi espérer que toutes les questions avec la Commission européenne seraient réglées au plus vite.

“On aimerait que toutes les questions, qui portent encore à confusion pour la Commission européenne, soient éclaircies au plus vite et que nous puissions travailler ensemble tranquillement,” a-t-il déclaré, cité par les agences de presse russes.

M. Kouprianov avait de son côté peu avant de nouveau accusé la Commission européenne de chercher à faire pression sur Gazprom avec cette enquête pour obtenir des réductions de tarifs.

“Le lancement d’une enquête formelle par la Commission européenne contre Gazprom peut être considéré, de même que les perquisitions effectuées l’année dernière dans ses filiales (dans l’UE, ndlr), comme une pression visant à influer sur les tarifs et les résultats de négociations commerciales, ce qui contrevient clairement aux principes du marché”, a affirmé M. Kouprianov, selon Interfax.

Il a par ailleurs affiché l’intention du groupe russe, dont l’UE est actuellement le principal client à l’exportation, d’augmenter ses exportations vers les pays d’Asie.

“Les volumes de livraison de gaz russe vers les pays de la région Asie-Pacifique doivent au moins égaler ceux des livraisons vers l’Europe”, a-t-il déclaré selon Itar-Tass, deux jours après un sommet à Vladivostok (extrême-orient) du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (Apec).

Vladimir Poutine a dénoncé lors de ce sommet l’approche “non constructive” de Bruxelles à l’égard de Gazprom.

M. Miller a indiqué mardi que son groupe comptait très prochainement ouvrir un bureau de représentation à Bruxelles.