à Paris (Photo : Jacques Demarthon) |
[14/09/2012 06:21:17] PARIS (AFP) Encouragées par un regain d’espoir en zone euro, les grandes entreprises françaises se bousculent au portillon pour emprunter sur le marché en cette rentrée, profitant de l’appétit retrouvé pour le risque des investisseurs, désireux de diversifier leurs placements.
Ces derniers jours, plusieurs grands groupes se sont présentés devant les marchés, à l’image du pétrolier Total, du constructeur automobile Renault, de l’opérateur téléphonique France Télécom, du spécialiste de l’immobilier commercial Unibail-Rodamco ou encore de l’électricien EDF.
“L’appétit des investisseurs est fort pour les obligations d’entreprises, d’autant qu’il y a eu d’importantes collectes de fonds chez les gérants pendant l’été”, souligne Félix Orsini, co-responsable mondial de l’origination (émission) de dette d’entreprises chez Société Générale.
Les groupes français ont levé au total 37 milliards d’euros depuis le début de l’année, contre 22 milliards pour 2011 à la même époque.
Les entreprises ont fait preuve d’opportunisme, d’autant que “depuis quatre ou cinq ans, quand le marché se ferme, c’est radical, aucune émission n’est plus possible”, rappelle Marie-Anne Allier, une des responsables de la gestion de taux chez Amundi.
“Beaucoup d’opérations effectuées ces derniers jours n’étaient pas prévues et ont été décidées au dernier moment”, renchérit M. Orsini.
Il faut dire que “les entreprises étaient un peu bloquées avec la crise européenne et les vacances d’été, mais la Banque centrale européenne donne plus de visibilité au marché”, remarque Philippe Halb, gérant chez SPGP.
Les marchés bénéficient de la large accalmie en zone euro, favorisée par les mesures mises sur la table par la BCE pour aider les pays les plus fragiles.
“Cette configuration profite à l’ensemble des émetteurs quelle que soit leur notation”, ajoute M. Orsini.
à Boulogne Billancourt, près de Paris (Photo : Eric Piermont) |
Pour preuve, Renault, noté en catégorie spéculative, a réussi à lever mardi 600 millions d’euros à échéance 5 ans, avec un taux d’intérêt annuel assez intéressant de 4,625%.
Au-delà de la demande des investisseurs, les entreprises profitent de taux d’intérêt très bas sur les marchés. La France s’endette par exemple à un taux historiquement faible à 10 ans, ce qui se ressent sur les conditions faites aux sociétés qui sollicitent les marchés.
France Télécom, qui avait emprunté à 3% à 10 ans le 11 juin, a pu s’endetter à 10 ans et demi à 2,5% le 5 septembre, un record.
D’autres, comme Unibail-Rodamco, ont placé des obligations convertibles en actions qui permettent à l’investisseur de jouer sur une éventuelle appréciation boursière de l’entreprise. Le groupe a levé mardi 750 millions d’euros.
“Il s’agit de la plus grosse émission d’obligations convertibles par une entreprise depuis trois ans en Europe”, a fait valoir Cyril Michel, directeur des marchés primaires actions chez HSBC France.
Les entreprises se bousculent donc pour profiter de cette fenêtre sur les marchés dont il n’est pas sûr qu’elle reste ouverte très longtemps.
“Il arrive un moment où il faut que le marché digère et il devient alors plus sélectif”, conclut M. Orsini. Sans compter qu’en cas de mauvaises nouvelles en zone euro, le marché se referma aussi rapidement qu’il s’est rouvert.
S’ajoute à cela, le fait que “le niveau de cash est encore important dans les bilans”, remarque Marie-Anne Allier. “Donc les entreprises n’ont pas forcément de gros besoins d’émissions, surtout que si la croissance ne repart pas, elles auront moins besoin d’investir”, selon elle.
Les investisseurs n’ont toutefois pas de quoi désespérer. “De manière structurelle, les entreprises vont réaliser de plus en plus d’émissions sur le marché, puisque du fait de la nouvelle réglementation, les banques ont du mal à continuer de prêter de l’argent autant qu’avant”, observe M. Halb.