éaire de Cattenom en Lorraine (Photo : Jean-Christophe Verhaegen) |
[14/09/2012 06:28:04] PARIS (AFP) La transition énergétique vers une économie moins dépendante du pétrole et du nucléaire reste un chantier à peine défriché par le gouvernement, des sujets cruciaux comme les économies d’énergie ayant été jusqu’ici éclipsés par les polémiques, comme celle sur le gaz de schiste.
Une des tables rondes de la conférence environnementale, qui s’ouvre vendredi à Paris, aura pour tâche d'”arrêter la méthode” d’un grand débat qui s’ouvrira en novembre et débouchera sur une loi de programmation en 2013.
La ligne directrice a été fixée par le président François Hollande: la centrale nucléaire de Fessenheim fermera d’ici 2017, et la part du nucléaire dans l’approvisionnement électrique sera ramenée à 50% à l’horizon 2025, contre plus de 75% actuellement. Mais le flou règne encore sur les nombreuses implications d’un tel bouleversement.
Si l’atome domine la production d’électricité et focalise l’attention, les énergies fossiles assurent encore les deux tiers de la consommation finale d’énergie du pays: 43% pour le pétrole, 20% pour le gaz et 4% pour le charbon en 2011, selon un bilan officiel.
Pour certains experts, ce sont ces énergies qu’il faudrait réduire en priorité pour tenir les objectifs de réduction des émissions de CO2.
“Aucune transition énergétique d’un pays européen ne peut exclure une baisse rapide des combustibles fossiles. Soit nous provoquons délibérément cette baisse, en limitant la récession associée, soit nous la subissons de manière non préparée, avec des chocs et des récessions plus amples”, défend ainsi Jean-Marc Jancovici, enseignant à Mines ParisTech.
“Réduire la part du nucléaire implique des mesures d’efficacité énergétique et de lutte contre la précarité énergétique. Et surtout, on fait quoi à la place? Les ajustements sont possibles mais on ne pourra pas changer la donne du jour au lendemain”, rappelle de son côté Jacques Percebois, spécialiste de l’énergie à l’Université de Montpellier, et partisan du recours à l’atome.
Des investissement colossaux
Développer les énergies renouvelables, comme le gouvernement en a l’intention, suppose de lourds investissements, qui pourraient rapidement se chiffrer en centaines de milliards d’euros. Car elles sont chères et vont de pair avec des investissements dans des énergies complémentaires classiques (type centrales à gaz), le stockage d’énergie et les réseaux électriques.
Ce qui pose la question corollaire des tarifs de l’énergie et de la lutte contre la précarité énergétique, esquissée par le projet de création d’un tarif progressif de l’énergie.
Autre défi lié, celui de l’efficacité énergétique, pour lequel le gouvernement s’est d’ores et déjà fixé des objectifs ambitieux (doter un million de logements par an, neufs et anciens, d’une isolation thermique de qualité).
Le médiatique militant écologiste Nicolas Hulot estime dans un entretien au Monde daté de mercredi, qu”il faudrait “commencer par travailler sur l’efficacité énergétique” avant d'”aborder sereinement le débat sur la place du nucléaire”.
“La conférence environnementale doit envoyer le signal que l’énergie va être chère, qu’il faut s’y adapter, et se demander comment on peut avoir des services et une industrie équivalents, tout en consommant moins d’énergie”, plaide le député EELV François-Michel Lambert.
Des entreprises lorgnent déjà sur ce marché, comme les membres de la Fédération des industries électriques (FIEEC), qui voit dans la transition un “vecteur de croissance et d’emploi”.
Enfin, sur le sujet toujours explosif des gaz de schiste, la ministre de l’Ecologie Delphine Batho a démenti mercredi que l’Etat s’apprête à “entrouvrir la porte” à leur exploration expérimentale, comme le laissait entendre Le Figaro.