à Chypre (Photo : Yiannis Kourtoglou) |
[15/09/2012 12:48:11] NICOSIE (AFP) Les signaux positifs se sont multipliés cette semaine pour la zone euro, permettant aux ministres des Finances, réunis à Chypre, de reprendre leur respiration avant le mois d’octobre où des décisions majeures sont attendues concernant la Grèce et un éventuel sauvetage de l’Espagne.
Le principal motif de satisfaction au sein de l’Union monétaire a été le feu vert donné mercredi par la Cour constitutionnelle allemande au Mécanisme européen de stabilité (MES), le futur pare-feu permanent de la zone euro.
Une décision capitale, qui ouvre la voie au lancement de ce fonds, doté d’une capacité de prêts de 500 milliards d’euros et qui devait initialement entrer en vigueur au début de l’été. Il sera “pleinement opérationnel” fin octobre, quand les pays auront versé une partie du capital, a promis vendredi le chef de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker lors d’une réunion informelle de ce forum à Chypre.
Grâce à ce pare-feu et au nouveau programme d’achat de dette de la Banque centrale européenne (BCE), la zone euro est mieux armée pour aider ses membres en difficulté et faire face à la crise de la dette qui menace toujours de s’étendre.
“De nombreux éléments se mettent en place. Des progrès considérables ont été faits au niveau national et (nous avons) un mécanisme efficace contre la crise. La combinaison de tous ces éléments a donné des résultats positifs”, s’est félicité vendredi le patron de la BCE, Mario Draghi, présent à Nicosie.
èce George Provopoulos le 15 septembre 2012 à Chypre (Photo : Yiannis Kourtoglou) |
Même enthousiasme pour la chancelière allemande Angela Merkel et le chef du gouvernement italien Mario Monti. Ils ont salué vendredi lors d’une conversation téléphonique “une bonne semaine pour l’Europe et l’euro”.
Pour preuve, les Bourses européennes ont fini la semaine dans le vert et l’euro est repassé au-dessus de 1,31 dollar, son plus haut niveau depuis mai.
Les raisons de se réjouir ne se sont pas limitées au feu vert donné au pare-feu de la zone euro. La victoire des libéraux aux législatives néerlandaises a elle aussi été interprétée comme un signe positif, prouvant que la rhétorique europhobe du populiste Geert Wilders séduit moins que prévu.
Conséquence de ce climat favorable: la réunion de l’Eurogroupe, la première depuis début juillet, s’est déroulée dans une ambiance étonnamment calme et a ouvert la voie à l’octroi à la Grèce d’un délai supplémentaire pour redresser ses comptes publics, une éventualité jusque là fermement écartée.
Malgré cette accalmie, la zone euro est loin d’avoir tourné la page de la crise: le scénario catastrophe d’une sortie de la Grèce (“Grexit”) risque de resurgir très rapidement, sachant que les créanciers du pays doivent se prononcer courant octobre sur le versement d’une nouvelle tranche d’aide au pays.
Pour obtenir cette aide vitale, Athènes doit adopter de nouvelles mesures d’austérité pour plus de 11,5 milliards d’euros, ce qui ne se fait pas sans mal.
à Madrid contre la rigueur le 15 septembre 2012 (Photo : Pedro Armestre) |
Le sort de l’Espagne reste également une source de préoccupation. Madrid est sous pression pour demander un plan de sauvetage pour son économie mais craint de se voir imposer de nouvelles mesures drastiques.
Le pays doit en outre faire face à la pression de la rue: samedi, une marée humaine, venue de toute l’Espagne, s’est déversée dans les rues de la capitale pour crier sa colère contre l’austérité. Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont également attendues samedi après-midi au Portugal.
La Grèce et l’Espagne seront au menu de la prochaine réunion des ministres des Finances de la zone euro début octobre à Luxembourg et risquent fort d’accaparer les dirigeants européens qui se réuniront en sommet les 18 et 19 octobre.