Même si cela fait très longtemps que la Société Financière Internationale (SFI) opère en Tunisie, le volume de son activité, c’est-à-dire de ses investissements, y était jusqu’en 2011 assez modeste, ne dépassant pas les 200 millions de dollars. Mais comme pour de nombreuses autres organisations internationales, le changement politique majeur intervenu début 2011, avec la chute du régime Ben Ali, a changé la donne, suscitant de leur part un plus grand intérêt pour la Tunisie, et, de ce fait, un plus grand engagement avec elle et en sa faveur. Pour marquer ce changement, la SFI a récemment ouvert un bureau à Tunis.
L’action de la SFI en Tunisie vise à soutenir l’action du secteur privé par «la mobilisation d’investissements qui améliorent la confiance de l’investisseur, par l’extension de l’accès au financement des petites entreprises, avec un «focus» sur les jeunes entrepreneurs et les femmes d’affaires, l’investissement dans l’industrie à forte valeur ajoutée et grosse utilisatrice de main-d’œuvre, et l’amélioration de la qualité et de l’accès aux infrastructures et aux services sociaux».
Selon la Société Financière Internationale, sa stratégie en Tunisie consiste également à œuvrer à favoriser l’«inclusion» et «se concentrer sur la création d’emplois à travers une plus grande participation du secteur privé à la croissance». Pour ce faire, cette organisation met en place des programmes d’assistance sous forme de conseils visant à améliorer l’environnement des affaires, à renforcer les marchés financiers, traiter les décalages de compétences et à soutenir les partenariats public-privé dans les infrastructures.
Et parce que tout cela requiert beaucoup de moyens, la SFI se comporte également comme tous les investisseurs, non pas en créant elle-même des entreprises, mais qui est à l’affût d’affaires intéressantes pour y prendre des participations.
En Tunisie, même si elle était depuis longtemps dans cette posture, la SFI entend probablement faire beaucoup plus que par le passé dans ce domaine. Et les «cibles» éventuelles sont parmi les plus importantes dans le pays.
Ainsi, on sait que les 11% du capital de la Banque de Tunisie, jadis détenus par Belhassen Trabelsi, pourraient intéresser la Société Financière Internationale qui, décidée à prendre des participations dans des banques et fonds d’investissements de la place –elle est déjà présente dans le capital de Tuninvest Group-, est en train d’étudier quelques dossiers. Surtout, la filiale de la Banque mondiale a déjà manifesté son intérêt pour Poulina Group Holding (PGH) et fait une offre d’entrée à son capital (164 millions de dinars) à hauteur de 10%. S’il n’a pas encore répondu à cette offre, le groupe dirigé par Abdelwaheb Ben Ayed –coté en Bourse depuis 2008- semble intéressé par l’entrée d’un actionnaire de l’envergure de la SFI. La question qui se pose n’est pas, donc, si la SFI sera un jour dans le tour de table de PGH, mais quand cette opération sera concrétisée.